Fellows 2018/2019
Dr. Thomas Adams
The University of Sydney, Australie
Robert Charles'Worlds: Labor, Migration and the Political Economy of the Jim Crow Gulf Coast, 1877-1965
Thomas Adams est un historien états-unien qui s’intéresse particulièrement à l’histoire des inégalités et aux circonstances dans lesquelles celles-ci ont pu être surmontées. Ses principaux domaines de recherche concernent l’histoire du travail et de l’économie politique ainsi que l’urbanité, la vie afro-américaine, le genre, les mouvements sociaux et la vie politique contemporaine. Il travaille également sur l’histoire et le présent de la Nouvelle-Orléans, de la Louisiane et de la côte états-unienne du Golfe du Mexique.
Il a obtenu un doctorat en histoire à l’Université de Chicago en 2009 et ses principaux thèmes de recherche concernent l’histoire des États-Unis aux xixe et xxe siècles, le travail et l’économie politique dans une approche globale et comparée ainsi que la théorie sociale. Sa thèse, qui sera bientôt publiée sous forme de monographie, est une étude de l’histoire des activités de service comme catégorie culturelle et politique du travail humain aux États-Unis, et de la façon dont cette histoire explique le refus obstiné de l’Amérique du Nord d’imaginer que certains types d’emploi puissent garantir la sécurité économique. De 2009 à 2014, il a été boursier du programme postdoctoral Mellon et New Faculty Fellow de l’American Council of Learned Societies à l’Université Tulane. Depuis 2014, il occupe un poste permanent en histoire et en études américaines à l’Université de Sydney où il est également directeur académique du United States Studies Centre.
Au centre re:work, il travaille sur une monographie provisoirement intitulée Robert Charles’ Worlds: Labour, Migration and the Political Economy of the Jim Crow Gulf Coast (Les mondes de Robert Charles : travail, migration et économique politique dans le golfe du Mexique à l’ère de Jim Crow). Ce projet vise à réinterpréter l’histoire et la politique de la privation des droits et de la ségrégation en les replaçant dans le contexte de différents changements concernant l’économie politique urbaine, la radicalité et la défaite des mouvements ouvriers, ou encore la circulation de personnes et de marchandises entre la Nouvelle-Orléans, le Sud rural des États-Unis, le bassin du golfe du Mexique et l’Europe du Sud.
Avec son ancien collègue Matt Sakakeeny, il vient de compiler un recueil d’articles intitulé Remaking New Orleans: Beyond Exceptionalism and Authenticity (Redéfinir la Nouvelle-Orléans : au-delà de l’exceptionnalisme et de l’authenticité, Duke UP, 2019). Ce livre s’appuie sur l’exemple de la Nouvelle-Orléans pour remettre en question la manière dont les notions d’authenticité et d’exception sont utilisées implicitement et explicitement en sciences humaines et sociales afin de légitimer la réification des inégalités structurelles ou des représentations ahistoriques d’une culture figée. En 2014, il a publié avec Steve Striffler Working in the Big Easy: The History and Politics of Labour in New Orleans (Travailler au Big Easy : histoire et politique du travail à la Nouvelle-Orléans, University of Louisiana Press), premier ouvrage tentant de présenter l’histoire du travail dans cette ville, de sa fondation à nos jours. Parmi ses articles récents, on trouve une critique du discours contemporain sur l’inégalité économique (« The Theater of Inequality », Nonsite, 2014) ; une étude des premiers débats sur le travail non déclaré comme problème économique (« Immigration Politics, Service Labour, and the Problem of the Undocumented Worker in Southern California », in Marilyn Halter et al. (dir.), What’s New About the New Immigration, 2014) ; une analyse de la dévalorisation des employé·es du secteur des services dans la série The Wire (« Gender, The Wire, and the Limits of the Producerist Critique of Modern Political Economy », Labour, 2013) ; et divers textes d’opinion pour des organes de presse tels que Jacobin et Common Dreams.
Publications
avec Matt Sakakeeny. Remaking New Orleans. Beyond Exceptionalism and Authenticity. Durham NC: Duke University Press, sous presse.
« Immigration Politics, Service Labor, and the Problem of the Undocumented Worker in Southern California ». In What’s New About the « New » Immigration?, édité par Marilyn Halter et al. New York, NY: Palgrave Macmillan, 2014.
« The Theater of Inequality ». Nonsite, no 12 (2014).
avec Steve Striffler. Working in the Big Easy. The History and Politics of Labor in New Orleans. Lafayette, LA: University of Louisiana at Lafayette Press, 2014.
« Gender, The Wire, and the Limits of the Producerist Critique of Modern Political Economy ». Labor. Studies in Working-Class History of the Americas 10, no 1 (mars 2013): 29‑34.
Dernière mise à jour: 9 août 2018
Dr. Supurna Banerjee
Institute of Development Studies Kolkata (IDSK), Inde
From Mazdoor to Naukrani: Making of a Precariat Labour
Supurna Banerjee a obtenu son doctorat en sociologie à l’Université d’Édimbourg en 2014. Sa thèse, publiée sous le titre Activism and Agency in India: Nurturing Resistance in the Tea Plantations (Activisme et capacité d’agir en Inde : alimenter la résistance dans les plantations de thé), explore les relations genrées de travail dans les plantations de thé de la plaine des Duars dans le Bengale occidental (Inde). À travers une recherche ethnographique dans deux plantations de thé, cette étude explore la complexité d’un espace qui est à la fois un lieu de travail et de résidence pour les travailleuses migrantes. Le travail des femmes dans les plantations est associé à leurs caractéristiques physiologiques ou psychologiques prétendument « naturelles », ne laissant ainsi aucune place aux questions de formation, de pratique et de compétence. Par conséquent, un grand nombre de femmes sont reléguées à des emplois faiblement rémunérés. Cette étude explore également les multiples façons dont les expériences quotidiennes de ces femmes constituent des tentatives de renégocier leurs situations.
Supurna Banerjee a été boursière postdoctorale à l’Institute of Development Studies de Kolkata (IDSK) dans le cadre d’un projet du Indian Council of Social Science Research intitulé « Trade Unions and Collective Bargaining: Case Study of West Bengal » (Syndicats et négociations collectives : étude du cas du Bengale occidental). En 2014, elle a rejoint le corps enseignant de la faculté de sciences politiques de l’IDSK. Elle a été co-responsable de la recherche menée dans le cadre d’un projet du Indian Council of Social Science Research intitulé « Reconceptualising Domestic Violence: Shifting Discourse within the Women’s Movement in India » (Reconceptualiser les violences domestiques : évolution du discours au sein du mouvement féministe indien), ainsi que d’un projet financé par le fonds fiduciaire Morrell de l’Université d’York (Royaume-Uni) intitulé « Inequality, Injustice and Exploitation: The Different Blends in Assam Tea » (Inégalités, injustice et exploitation : les différents mélanges du thé Assam). Même si les questions liées au genre et au travail sont au centre de ses intérêts, ses recherches portent également sur les différentes formes de marginalité, l’intersectionnalité, les études urbaines et la migration.
Pendant son séjour au centre re:work, Supurna Banerjee travaille sur un projet intitulé « From Mazdoor to Naukrani: Making of a Precariat Labour » (De mazdoor à naukrani : la fabrication du précariat). La diminution de la main-d’œuvre formelle en Inde s’est accompagnée d’une croissance de la main-d’œuvre informelle. Banerjee retrace ce processus double de fabrication et de démantèlement d’une main-d’œuvre urbaine précarisée dans l’un des secteurs d’activités les plus structurés de l’Inde : les plantations de thé. Elle retrace la manière dont la main-d’œuvre des plantations de thé a été construite comme « docile » et la façon dont les travailleurs·euses négocient cette situation. Son travail se concentre sur la crise que traversent les plantations de thé du Bengale occidental depuis les années 2000, sur la migration de la main-d’œuvre, en particulier des femmes, qui en découle et sur leur emploi dans divers secteurs informels dans d’autres régions du pays. Elle retrace l’histoire sociale de la création de ce précariat urbain et donne un aperçu de l’évolution des représentations concernant les notions de compétences, de travail libre/forcé, de définition genrée du travail ainsi que des négociations intergénérationnelles en lien avec l’évolution des parcours de vie.
Publications
« From “Plantation Workers” to “Naukrāni”. The Changing Labour Discourses of Migrant Domestic Workers ». Journal of South Asian Development 13, no 2 (sous presse).
avec Nandini Ghosh. « Debating Intersectionalities. Challenges for a Methodological Framework ». South Asia Multidisciplinary Academic Journal, sous presse.
Activism and Agency in India. Nurturing Resistance in the Tea Plantations. London: Routledge, 2017.
« Too Much or Too Little? Paradoxes of Disability and Care Work in India ». Review of Disability Studies 13, no 4 (2017).
avec Zaad Mahmood. « Judicial Intervention and Industrial Relations. Exploring Industrial Disputes Cases in West Bengal ». Industrial Law Journal 46, no 3 (septembre 2017): 366‑96.
« We Are Still Junglis to Them. Institutionalising Marginalities Among the Adivasis in Dooars ». In From the Margins to the Mainstream. Institutionalising Minorities in South Asia, édité par Hugo Gorringe, Roger Jeffery, et Suryakant Waghmore. Thousand Oaks, CA: SAGE Publications, 2016.
Dernière mise à jour: 15 août 2018
Dr. Eszter Bartha
Eötvös Loránd Tudományegyetem, Budapest, Hongrie
Social and Political Attitudes of the "Old” and "New” Industrial Working Classes in Eastern Germany (the former GDR) and Hungary
Eszter Bartha est maîtresse de conférence au Département d’études sur l’Europe de l’Est de l’Université Eötvös Loránd (ELTE) à Budapest (Hongrie). Son principal domaine de recherche est l’histoire sociale de l’Europe de l’Est à l’après-guerre, et plus particulièrement l’histoire du travail. Elle a beaucoup publié sur la période socialiste et la classe ouvrière, notamment l’ouvrage Alienating Labour: Workers on the Road from Socialism to Capitalism in East Germany and Hungary (Un travail aliénant : les travailleurs dans la transition du socialisme au capitalisme en Allemagne de l’Est et en Hongrie, 2013) publié chez Berghahn. Ses recherches actuelles au centre re:work se concentrent sur la formation d’une nouvelle classe ouvrière industrielle en Allemagne de l’Est et en Hongrie et sur les positions sociales et politiques des ouvriers·ères au sein des entreprises multinationales.
Publications
« "This Workers’ Hostel Lost Almost Every Bit of Added Value It Had”. Workers’ Hostels, Social Rights and Legitimization in Welfare Dictatorships ». In Labor in State Socialist Europe after 1945. Contributions to Global Labor History, édité par Marsha Siefert. Budapest; New York: Central European University Press, sous presse.
« Transforming Labour. From the Workers’ State to the Post-Socialist Re-Organization of Industry and Workplace Communities ». Jahrbuch Für Wirtschaftsgeschichte / Economic History Yearbook 58, no 2 (2017): 413‑38.
avec Tamás Bezsenyi, éd. Egy másik Kelet-Európa. Munkás-és társadalomtörténeti tanulmányok Mark Pittaway emlékére [=Another Eastern Europe. Studies in Labour and Social History in Honor of Mark Pittaway]. Budapest: ELTE BTK Kelet-Európa Története Tanszék, 2017.
« Combattenti solitari. Lavoratori tedeschi e ungheresi in epoca postcomunista [=Lonely Fighters. German and Hungarian Workers in Post-communism Period] ». Passato e Presente 31, no 88 (2013): 37–56.
« “Something Went Wrong with This Capitalism”. Illusion and Doubt in a Hungarian (Post)Industrial Community ». In Ethnographies of Doubt. Faith and Uncertainty in Contemporary Societies, édité par Mathijs Pelkmans, 191‑224. London: I. B. Tauris, 2013.
Dernière mise à jour: 27 septembre 2018
Prof. Baz Lecocq
Humboldt-Universität zu Berlin, Allemagne
Awad el Djouh: A Global Microhistory of Slave Trade in the Mid-Twentieth Century
Baz Lecocq est professeur d’histoire africaine à l’Institut d’études asiatiques et africaines (IAAW) de l’Université Humboldt de Berlin depuis 2014. Il a été professeur d’histoire africaine à l’Université de Gand (Belgique) de 2007 à 2014, où il est toujours professeur invité. Spécialiste de l’histoire et de la politique contemporaines du Sahara central et du Sahel, il se concentre sur la manière dont les structures politiques et sociales se sont développées au niveau local et ont évolué avec les États coloniaux et postcoloniaux. Ces évolutions concernent le processus d’édification de l’État et de la nation, la politique en matière de religion, les changements économiques, les changements d’attitude à l’égard du travail et de la migration de la main-d’œuvre, ainsi que les changements à l’intérieur des hiérarchies socioculturelles entre personnes de descendance noble et descendant·es d’esclave, ce qui influence aussi bien la perception des parcours de vie que la mobilité sociale et politique.
Son projet actuel au centre re:work se concentre sur ce dernier point, ainsi que sur la façon dont les perceptions des origines sociales et les attitudes à l’égard du travail des populations locales se sont heurtées, d’une part, aux systèmes juridiques modernes mondiaux instaurés pour protéger le travail libre et, d’autre part, aux exigences et attentes des politiques coloniales en matière de travail. Baz Lecocq étudie l’histoire d’un homme du Nord de l’actuel Mali, Awad el Djouh, qui a été vendu en 1948 comme esclave à La Mecque par un autre homme de la même région, Mohamed Ali ag Attaher Insar. En 1954, Awad el Djouh s’est échappé et est rentré chez lui, où il a porté plainte à la police. L’affaire a finalement été jugée au Soudan français comme un litige professionnel. Les procédures judiciaires dans le cadre de l’affaire Awad furent à l’époque soutenues par le syndicat français CGT, qui espérait pouvoir ainsi résoudre des questions relatives au statut juridique des « relations de travail traditionnelles » qui échappaient jusqu’alors à la législation. L’affaire a pris une dimension internationale en se retrouvant au milieu des débats sur le travail forcé relancés au sein de l’OIT, débats fortement influencés par le contexte de la guerre froide, et des discussions autour de la traite des esclaves qui ont refait surface et dominé le discours sur les droits humains au sein des Nations unies entre 1954 et 1956. Ce projet de recherche vise à montrer comment la poursuite de la traite des esclaves et les formes masquées d’esclavage en Afrique de l’Ouest – phénomènes désormais présentés comme des « litiges professionnels » – ont influencé les débats au niveau local sur la nature et la légitimité juridique de l’État colonial à l’époque de la décolonisation.
Publications
« Awad El Djouh. A Story of Slave Trade in the Mid Twentieth Century ». In Magnifying Perspectives. Contributions to History, A Festschrift for Robert Ross, édité par Iva Peša et Jan-Bart Gewald, 149‑65. Leiden: African Studies Centre, 2017.
« Awad El Djouh and the Dynamics of Post-Slavery ». International Journal of African Historical Studies 48, no 2 (2015): 193‑208.
avec Eric Hahonou. « Introduction. Exploring Post-Slavery in Contemporary Africa ». International Journal of African Historical Studies 48, no 2 (2015): 181‑92.
« Tuareg City Blues. Cultural Capital in a Global Cosmopole ». In The Tuareg Society Within a Globalized World. Saharian Life in Transition, édité par Anja Fischer et Ines Kohl, 41‑58. London: Tauris Academic Studies, 2010.
« The Bellah Question. Slave Emancipation, Race, and Social Categories in Late Twentieth-Century Northern Mali ». Canadian Journal of African Studies 39, no 1 (2005): 42‑68.
« Unemployed Intellectuals in the Sahara. The Teshumara Nationalist Movement and the Revolutions in Tuareg Society ». International Review of Social History 49, no S12 (2004): 87‑109.
Dernière mise à jour: 16 août 2018
Prof. Marcel van der Linden
International Institute for Social History (IISH), Amsterdam, Pays-Bas
Why Do Workers (Not) Rebel?
Marcel van der Linden (1952) est membre honoraire de l’Institut international d’histoire sociale (Académie royale néerlandaise des arts et des sciences), où il a été directeur de recherche entre 2001 et 2014. Il est également professeur émérite en histoire des mouvements sociaux à l’Université d’Amsterdam (UvA). Il a obtenu son doctorat (1989) avec distinction à l’UvA. Il a reçu un doctorat honorifique de l’Université d’Oslo (2008), le Prix René Kuczynski (Vienne, 2009) et le Historikerpreis (Bochum, 2014). Il a été professeur invité à Vienne (2003 et 2008), titulaire de la chaire Marcel Liebman à l’Université libre de Bruxelles (2009-2010) et professeur invité à l’Université de Nanjing (2009-2012). Il est co-fondateur de l’Association of Indian Labour Historians (1996), du European Labour History Network (2013) et du Global Labour History Network (2015). Il préside actuellement, ainsi qu’à deux reprises par le passé, l’International Social History Association (2005-2010, 2010-2015, 2015-2020). Ses livres et ses articles ont été publiés en dix-sept langues.
Publications
Au centre re:work, il travaille sur le manuscrit de l’ouvrage Why Do People Not Rebel? (Pourquoi les gens ne se rebellent-ils pas ?) et finalise quatre tomes de The Global History of Work: Critical Readings (L’histoire globale du travail : lectures critiques, à paraître en 2019).
avec Gerald Hubmann, éd. Marx’s Capital. An Unfinishable Project? Boston: Brill, 2018.
avec Hofmeester, Karin, éd. Handbook Global History of Work. Berlin: De Gruyter, 2018.
avec Kocka, Jürgen, éd. Capitalism. The Reemergence of a Historical Concept. London: Bloomsbury, 2016.
avec Karl Heinz Roth, éd. Beyond Marx. Theorising the Global Labour Relations of the Twenty-First Century. Leiden: Brill, 2014.
Workers of the World. Essays Toward a Global Labor History. Leiden: Brill, 2008.
Transnational Labour History. Explorations. Burlington, VT: Ashgate, 2003.
Dernière mise à jour: 27 septembre 2018
Prof. Dina Makram-Ebeid
The American University in Cairo (AUC), Egypte
Precarious Revolution: Work and Labour in the Shadows of the Egyptian Rebellion of 2011
Dina Makram-Ebeid est professeure adjointe de sociologie à l’Université américaine du Caire (AUC). Elle a obtenu son doctorat en anthropologie sociale en 2013 à la London School of Economics and Political Science (LSE). Avant de rejoindre l’Université américaine du Caire, elle a effectué un séjour de recherche postdoctoral à l’Institut Max Planck d’anthropologie sociale de Halle (Allemagne) de 2012 à 2015 et a été fellow au centre re:work de l’Université Humboldt de Berlin de 2015 à 2016.
Les thèmes de recherche et d’enseignement de Dina Makram-Ebeid se situent à l’intersection entre travail, main-d’œuvre, mouvements sociaux, genre, affect, valeur et santé mentale. Elle a mené une recherche ethnographique de longue durée à Helwan, site industriel au sud du Caire (Égypte). Dans cette recherche, elle retrace avant tout l’histoire sociale d’al-Tibbin, une cité ouvrière d’Helwan abritant la plus grande et la plus ancienne aciérie publique d’Égypte, construite en 1950 sous le régime de Gamal Abdel Nasser. Elle étudie la transformation que connaissent au fil de la restructuration néolibérale les postes de « col bleu » ou de « col blanc » dans le secteur public. Ces postes, qui sont appelés à l’échelle locale waẓīfa (la fonction), deviennent progressivement non plus de simples emplois, mais avant tout un droit d’accès à la propriété privée, distinguant ainsi nombre des employés de l’aciérie des autres travailleurs vivant à al-Tibbin. En dessinant une cartographie d’al-Tibbin en termes de classe, elle montre comment l’accès à la waẓīfa devient synonyme de stabilité ou ʾistiqrār, valeur hautement estimée par la population d’al-Tibbin et sur laquelle l’État mise régulièrement en associant la stabilité des régimes successifs à la sécurité matrimoniale et professionnelle de la population.
Au cours des dernières années, Dina Makram-Ebeid a commencé à s’intéresser aux retombées affectives des révolutions. Dans ses recherches, elle explore les différentes réactions affectives et émotionnelles suite aux soulèvements politiques récents en Égypte et leurs conséquences sur le parcours de celles et ceux qui ont traversé cette période extrêmement agitée. Elle met en lumière la manière dont ces expériences affectives suscitent un travail de mémoire, ont un caractère formateur pour toute une génération et influencent le langage que les personnes emploient pour imaginer le champ des possibles des luttes politiques. Au lieu de considérer l’affect comme un produit résiduel de grands événements, cette recherche propose de retracer la manière dont il co-construit l’écologie politique actuelle en Égypte.
Durant son séjour au centre re:work, Dina Makram-Ebeid travaille sur une monographie intitulée Precarious Revolution: Work and Class in the Aftermath of the Egyptian Rebellion (Une révolution précaire : travail et classe après la rébellion égyptienne). Dans cet ouvrage, elle explore la contribution des travailleurs à la révolution/rébellion égyptienne de 2011. En s’appuyant sur la recherche ethnographique menée à al-Tibbin, la cité ouvrière de l’aciérie d’Helwan, entre 2008 et 2018, elle montre à quel point la lutte des classes a joué un rôle clé dans l’issue néfaste des événements de 2011. Bien que cette rébellion ait été encensée par les médias occidentaux et locaux comme l’action de jeunes occidentalisés issus des classes moyennes, Makram-Ebeid met en avant la contribution décisive que les travailleurs ont apporté à la révolution. Ce récit prend ses distances avec l’accent généralement mis sur les travailleurs organisés et les nouveaux syndicats indépendants, qui ont fait l’objet de la plupart des travaux universitaires sur les travailleurs et la révolution, pour se concentrer sur l’implication souvent radicale et éphémère des travailleurs précaires et/ou non organisés dans ces événements. Elle affirme que le rôle de ces acteurs a souvent été éclipsé par les mouvements plus « spectaculaires » des travailleurs organisés. Cet ouvrage a pour ambition de rassembler les aspirations et les stratégies de résistance des travailleurs précaires qui, jusqu’à présent, ne figurent pas dans l’historiographie de la révolution, tout en se demandant pourquoi leur engagement n’a jamais été intégré ni aux priorités et récits des groupes révolutionnaires, ni à l’historiographie plus vaste de ces événements. En s’intéressant à la lutte des classes au sein des communautés de travailleurs opposant les employés de l’aciérie qui relèvent plus de la classe moyenne à la main-d’œuvre précaire qui travaille autour de l’aciérie dans des secteurs non syndiqués (et qui est composée avant tout d’autochtones et des anciens propriétaires des terres sur lesquelles l’aciérie a été construite), Makram-Ebeid analyse le rôle central que jouent le travail et l’évolution des relations de propriété dans les récits de la révolution. S’il est difficile d’imaginer d’autres scénarios de manière rétrospective, elle tente malgré tout dans cet ouvrage de se demander si la mise en avant des luttes des travailleurs précaires aurait permis à la révolution de déboucher sur une meilleure politique de redistribution.
Publications
« Precarious Revolution: Labour and Neo-Liberal Securitisation in Egypt ». Dialectical Anthropology, forthcoming.
« Grappling with Forms of Justice: Combating Sexual Violence in Civil Society ». Mada Masr, 2018. https://madamasr.com/en/2018/03/08/opinion/u/grappling-with-forms-of-justice-combating-sexual-violence-in-civil-society/.
« Between God and the State. Class, Precarity, and Cosmology on the Margins of an Egyptian Steel Town ». In Industrial Labor on the Margins of Capitalism. Precarity, Class, and the Neoliberal Subject, édité par Chris Hann et Jonathan Parry, 180‑96. New York, NY: Berghahn, 2018.
« Social Movements and Imaginations of Economic Alternatives ». In The Egyptian Economy in the Twenty First Century, édité par Wael Gamal. Cairo: Dar Al Maraya, 2017.
« Labour Struggles and the Quest for Permanent Employment in Revolutionary Egypt ». In The Political Economy of the New Egyptian Republic, édité par Nicholas S Hopkins, 65‑84. Cairo: American University in Cairo Press, 2015.
« “Old People Are Not Revolutionaries!” Labor Struggles Between Precarity and Istiqrar in a Factory Occupation in Egypt ». Jadaliyya - جدلية, 25 janvier 2015.
Dernière mise à jour: 12 avril 2019
Dr. Melissa Marschke
University of Ottawa, Canada
Ecologies of Labour: Unpacking Labour Abuse in the Seafood Sector
melissa.marschke(at)uottawa.ca
Melissa Marschke est maîtresse de conférence à l’École de développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa. Au cours de ses études, elle s’est formée à la question des relations entre les humains et l’environnement, en lien notamment avec les moyens de subsistance, les ressources communes et la gouvernance environnementale. Spécialiste de l’Asie du Sud-Est, elle s’est également intéressée aux produits de la mer au Canada et aux Caraïbes. Elle participe actuellement à des projets de recherche portant sur le travail dans le secteur des produits de la mer, l’économie du poisson séché en Asie, le bien-être social et les offres intégrées de services écosystémiques dans les zones côtières, ainsi que l’extraction de sables côtiers. Melissa Marschke est l’autrice de Life, Fish and Mangroves: Resource governance in coastal Cambodia (Vie, poisson et mangroves : gestion des ressources sur les côtes cambodgiennes, University of Ottawa Press, 2012). Elle a également publié des articles dans diverses revues dont Marine Policy, Environmental Science & Policy, Ecology & Society et Rural Studies.
Son projet au centre re:work s’intitule « Ecologies of Labour: Unpacking labour, ecology and mobility within the seafood sector » (Écologies du travail : travail, écologie et mobilité dans le secteur des produits de la mer). Cette recherche vise à aller au-delà des rapports publiés fréquemment par les médias et les ONG qui témoignent de cas d’exploitation dans le secteur des produits de la mer ou qui montrent que les conditions de travail qui y prévalent relèvent de ce que certaines ONG qualifient de « traite » ou « esclavage moderne », afin de comprendre les cadres sociaux et écologiques qui produisent ces conditions de travail inacceptables. Grâce à ce projet, Melissa Marschke peut mettre à l’essai et préciser un cadre d’analyse permettant de comprendre les dynamiques du travail dans le secteur de la pêche et, dans l’idéal, de proposer des solutions politiques. Elle souhaite mettre l’accent à la fois sur la main-d’œuvre, l’écologie et la mobilité dans le secteur de la pêche grâce à une méta-analyse de la littérature et élargir le cadre géographique de sa recherche au-delà de la pêche thaïlandaise pour inclure les régions frontalières du Myanmar et du Cambodge (ainsi que des sites situés au-delà de l’Asie du Sud-Est), afin d’examiner le travail et les pratiques professionnelles dans le domaine de la pêche. Cette recherche a pour but de développer des connaissances théoriques sur les fondements de la crise qui touche actuellement le secteur de la pêche, d’aborder les questions liées au travail dans ce secteur à une plus grande échelle, ainsi que d’éclairer les dynamiques de travail à l’œuvre dans ce secteur, ce qui permettra d’élaborer un programme de recherche sur le long terme.
Publications
avec Simon Bush, et Ben Belton. « Labour, Social Sustainability and the Underlying Vulnerabilities of Work in Southeast Asia’s Seafood Value Chains ». In Routledge Handbook of Southeast Asian Development, édité par Andrew McGregor, Lisa Law, et Fiona Miller. London ; New York: Routledge, 2018.
avec Courtney Kehoe, et Peter Vandergeest. « Migrant Worker Experiences in Atlantic Canadian Fish Processing Plants. Migrant Fish Workers ». The Canadian Geographer, 2018, 1‑12.
avec John N. Kittinger, Lydia C. L. Teh, Edward H. Allison, Nathan J. Bennett, Larry B. Crowder, Elena M. Finkbeiner, et al. « Committing to Socially Responsible Seafood ». Science 356, no 6341 (2017): 912‑13.
avec Olivia Tran. « From Trafficking to Post-Rescue. Insights from Burmese Fishers on Coercion and Deception in (Anti)Trafficking Processes ». Series Paper 3. Bangkok: Issara Institute, 2017.
avec Peter Vandergeest, et Olivia Tran. « Modern Day Slavery in Thai Fisheries. Academic Critique, Practical Action ». Critical Asian Studies 49, no 3 (2017): 461‑64.
avec Peter Vandergeest. « Slavery Scandals. Unpacking Labour Challenges and Policy Responses Within the Off-Shore Fisheries Sector ». Marine Policy 68 (2016): 39‑46.
Dernière mise à jour: 27 septembre 2018
Prof. Blair Rutherford
Carleton University, Ottawa, Canada
Labour and Social Citizenship in Neoliberal Times: Lessons from Rural Sub-Saharan Africa
blair.rutherford(at)carleton.ca
Blair Rutherford est professeur d’anthropologie au département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Carleton à Ottawa, Canada (où il a également fondé et dirigé l’Institut d’études africaines). Depuis plus de 25 ans, ses recherches ethnographiques dans divers pays d’Afrique subsaharienne se concentrent sur les politiques culturelles de populations essentiellement rurales, en examinant en particulier les différentes modalités, conditions et formes de contestation des relations du travail en fonction des catégories de la race, du genre, de la classe et de la citoyenneté dans le cadre de champs d’action qui se chevauchent (et parfois se concurrencent). Ses premières recherches dans les années 1990 ont porté sur les travailleurs·eures agricoles des grandes exploitations commerciales du Zimbabwe (appartenant principalement à des Zimbabwéen·nes blanc·hes) et sur leurs relations avec la direction, les autorités publiques, les partis politiques, les syndicats et les organisations non gouvernementales. Il s’est ensuite intéressé à la façon dont ces ouvriers·ères agricoles ont été impliqué·es dans l’occupation fortement politisée des terres et le vaste programme de redistribution des fermes blanches aux agriculteurs·trices noir·es du Zimbabwe dans les années 2000. Ultérieurement, il a mené des recherches avec des migrant·es zimbabwéen·nes dans le Nord de l’Afrique du Sud afin d’analyser la manière dont les règles et politiques en matière d’immigration, souvent floues, et leur évolution ont façonné le travail et les moyens de subsistance de ces migrant·es dans les plantations commerciales d’agrumes et dans la ville frontalière de Musina. Avec sa collègue de Carleton, Doris Buss, il codirige actuellement des projets de recherche sur le secteur minier artisanal et à petite échelle (SMAPE) qui portent sur les moyens de subsistance des femmes et leurs rapports avec les autorités dans le contexte de différentes initiatives de formalisation et de réglementation.
Son projet de recherche au centre re:work s’appuie sur des recherches en cours sur le SMAPE dans différents pays d’Afrique subsaharienne afin d’examiner de quelle manière les catégories liées au genre, à la parenté et aux relations sociales et les présupposés qui en découlent informent à la fois les opportunités et les obstacles dans ce secteur quant aux types de travail disponible et aux formes de rémunération, notamment la capacité à recruter ou être recruté·e pour certaines tâches. Pour ce faire, il faut comprendre le travail non seulement comme un facteur de production, mais aussi comme un moyen de revendiquer des droits vis-à-vis d’autrui. Il s’agit notamment d’analyser les liens et les dynamiques de dépendance et d’interdépendance dans lesquels les hommes et les femmes sont impliqué·es à différentes étapes de leur parcours de vie. Cette recherche vise à comprendre la dynamique de la précarité à la lumière des politiques et des analyses concernant l’exploitation minière, la protection sociale et le développement.
Publications
Farm Labor Struggles in Zimbabwe. The Ground of Politics. Bloomington: Indiana University Press, 2017.
avec Chris Huggins, et Doris Buss. « A ‘Cartography of Concern’. Place-Making Practices and Gender in the Artisanal Mining Sector in Africa ». Geoforum 83 (juillet 2017): 142‑52.
« The Politics of Boundaries. The Shifting Terrain of Belonging for Zimbabweans in a South African Border Zone ». African Diaspora 4, no 2 (janvier 2011): 207‑29.
« An Unsettled Belonging. Zimbabwean Farm Workers in Limpopo Province, South Africa ». Journal of Contemporary African Studies 26, no 4 (octobre 2008): 401‑15.
« Conditional Belonging. Farm Workers and the Cultural Politics of Recognition in Zimbabwe ». Development and Change 39, no 1 (janvier 2008): 73‑99.
Working on the Margins. Black Workers, White Farmers in Postcolonial Zimbabwe. London & Harare: Zed Books & Weaver Press, 2001.
Dernière mise à jour: 9 août 2018
Dr. Jana Tschurenev
Georg-August-Universität Göttingen, Allemagne
Widowhood, Professionalism and 'Social Service': Histories of Early Childhood Care and Education in India, 1880s to 1950s
Jana Tschurenev a obtenu son doctorat en 2009 au Centre des sciences comparées de l’éducation de l’Université Humboldt de Berlin, avec une thèse intitulée « Imperial Experiments in Education. Monitorial Schooling in India, 1789-1840 » (Les expérimentations éducatives de l’Empire : l’enseignement mutuel en Inde de 1789 à 1840). Cette thèse qui explore les processus de changement dans le domaine de l’éducation au début de l’Inde coloniale a remporté le prix de la meilleure thèse du German Historical Institute de Londres la même année.
De 2009 à 2013, Jana Tschurenev a enseigné l’histoire globale à l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et à l’Université de Saint-Gall (Suisse) en tant que professeure invitée. À Zurich, elle a également coordonné un groupe de recherche concernant les campagnes contre l’alcool et la réforme des mœurs dans une perspective historique globale.
En 2013, elle a rejoint le Centre for Modern Indian Studies (CeMIS) de l’Université de Göttingen, en Allemagne, en tant que responsable de recherche au sein du groupe de recherche transnational « Poverty and Education in India » (Pauvreté et éducation en Inde) financé par la Fondation Max Weber (2013-2017). Elle est désormais conférencière invitée au CeMIS, où elle poursuit son projet de recherche sur le thème « Widowhood, Professionalism and Social Service: Histories of Early Childhood Care and Education in India, 1880s to 1950s » (Veuvage, professionnalisme et engagement social : prise en charge et éducation de la petite enfance en Inde des années 1880 à 1950). Au centre re:work, elle poursuit son projet de livre (et d’habilitation) dans lequel elle analyse les processus de professionnalisation et d’institutionnalisation de la prise en charge et de l’instruction préscolaires des enfants et leur impact sur l’organisation du travail reproductif des femmes. Jana Tschurenev s’intéresse à l’histoire de l’éducation, à l’histoire transnationale ainsi qu’aux inégalités genrées et sociales.
Publications
Empire, Civil Society, and the Beginnings of Colonial Education in India. Delhi: Cambridge University Press, sous presse.
« A Colonial Experiment in Education. Madras, 1789-1796 ». In Connecting Histories of Education. Transnational and Cross-Cultural Exchanges in (Post-)Colonial Education, édité par Barnita Bagchi, Eckhardt Fuchs, et Kate Rousmaniere. New York, NY ; London: Berghahn Books, 2014.
avec Harald Fischer-Tiné, éd. A History of Alcohol and Drugs in Modern South Asia. London ; New York, NY: Routledge, 2014.
avec Judith Große, et Francesco Spöring, éd. Biopolitik und Sittlichkeitsreform. Kampagnen gegen Alkohol, Drogen und Prostitution 1880-1950. Frankfurt am Main: Campus, 2014.
« Intersectionality, Feminist Theory, and Global History ». In Intersectionality Und Kritik. Neue Perspektiven Auf Alte Fragen, édité par Vera Kallenberg, Jennifer Meyer, et Johanna Müller. Wiesbaden: Springer VS, 2012.
Dernière mise à jour: 27 septembre 2018
Dr. Nitin Varma
Humboldt-Universität zu Berlin, Allemagne
Domestic Work and Labour History in 19th and early 20th Century India
Nitin Varma a étudié l’histoire à l’Université de Delhi et à l’Université Jawaharlal Nehru (Delhi). Il a terminé sa thèse de doctorat consacrée au travail des coolies dans les plantations coloniales de thé en Assam en 2011 à l’Université Humboldt de Berlin. « Coolie » est un terme générique désignant les travailleurs manuels « non qualifiés » en Asie du Sud. Au xixe siècle, on a tenté d’appliquer ce terme dans les constructions discursives et les pratiques matérielles à la main-d’œuvre « mobilisée-immobilisée » dans les mines, les plantations et autres entreprises capitalistes coloniales. Le travail des coolies a souvent été décrit comme un compromis délibéré entre les régimes du passé (la traite des esclaves) et de l’avenir (le travail libre). Dans son livre Coolies of Capitalism, publié en 2016, il montre comment la main-d’œuvre coolie a été « produite » dans l’histoire des plantations coloniales capitalistes en Assam. L’idée maîtresse du livre est d’interroger et de contextualiser l’influence supposément illimitée du capitalisme colonial quant à la définition et la « production » des coolies en mettant l’accent sur les contingences, les négociations, les contestations et les crises. Cette approche permet de rompre avec l’idée d’une apparition subite du coolie archétypique des plantations de thé (c.-à-d. importés et sous contrat non résiliable) et de replacer l’émergence, la subsistance et l’évolution de cet archétype dans le contexte de processus matériels et discursifs.
Nitin Varma a récemment collaboré à un projet de trois ans (2015-2018) financé par une ERC Starting Grant sur les domestiques en Inde coloniale. Ce projet avait pour objectif d’attirer l’attention de l’histoire du travail sur le travail et les travailleurs·euses domestiques, jusque-là plutôt négligés, et d’évaluer les possibilités et les limites des réseaux, des connexions et des histoires à un niveau transrégional. Ce projet s’est intéressé à la fois aux pratiques « locales » et translocales du travail domestique en s’appuyant sur l’exemple des serviteurs·euses tout en suivant plusieurs problématiques : de quelle manière les serviteurs·euses étaient-ils·elles recruté·es ? Quelles étaient leurs conditions d’emploi et de travail ? Le travail de serviteur·euse était-il une phase de leur parcours de vie ou passaient-ils·elles leur vie dans la famille de leurs employeurs·euses ? Comment ces pratiques se sont-elles modifiées dans l’espace et le temps ? Au centre re:work, Nitin Varma prévoit de terminer différentes publications issues de cette recherche, notamment des contributions pour des ouvrages collectifs, des numéros spéciaux de revues ainsi qu’une monographie.
Publications
« Servant Testimonies and Anglo-Indian Homes in Nineteenth-Century India ». In To Be at Home. House, Work, and Self in the Modern World, édité par Felicitas Hentschke et James Williams. Boston: De Gruyter Oldenbourg, 2018.
Coolies of Capitalism. Assam Tea and the Making of Coolie Labour. Berlin: De Gruyter Oldenbourg, 2016.
« Unpopular Assam. Notions of Migrating and Working for Tea Gardens ». In Towards a New History of Work, édité par Sabyasachi Bhattacharya, 227‑44. New Delhi: Tulika Books, 2014.
« Coolie Strikes Back. Collective Protest and Action in the Colonial Tea Plantations of Assam, 1880–1920 ». In Adivasis in Colonial India. Survival, Resistance, and Negotiation, édité par Biswamoy Pati, 186‑215. New Delhi: Indian Council of Historical Research, 2010.
« For the Drink of the Nation. Drink, Labour and Plantation Colonialism in the Colonial Tea Gardens of Assam in the Late Nineteenth and Early Twentieth Century ». In Labour Matters. Towards Global Histories. Studies in Honour of Sabyasachi Bhattacharya, édité par Marcel van der Linden et Prabhu P. Mohapatra, 295‑318. New Delhi: Tulika Books, 2009.
« Chargola Exodus and Collective Action in the Colonial Tea Plantations of Assam ». Sephis [= Special Issue on Labour in Memory of Late Rajnarayan Chandavarkar] 3, no 2 (2007).
Dernière mise à jour: 27 septembre 2018
Prof. Bahru Zewde
Addis Ababa University, Ethiopie
Corvée Labour in Ethiopian History
Bahru Zewde est professeur émérite d’histoire à l’Université d’Addis-Abeba, membre fondateur de l’Ethiopian Academy of Sciences, membre de l’African Academy of Sciences, rédacteur en chef de l’Africa Review of Books, et vice-président de l’Association of African Historians. Il a été directeur de l’Institute of Ethiopian Studies de l’Université d’Addis-Abeba, directeur exécutif du Forum for Social Studies, groupe de réflexion basé à Addis-Abeba, et vice-président de l’Ethiopian Academy of Sciences. Il a également été vice-président du réseau sous-régional de recherche Organization for Social Science Research in Eastern and Southern Africa (OSSREA) et rédacteur en chef de sa revue Eastern Africa Social Science Research Review. Rédacteur en chef du Journal of Ethiopian Studies pendant 15 ans, il a également été membre du comité consultatif international du Journal of African History. Il a reçu de nombreux prix et bourses, notamment de la part de la British Academy, de la Japan Foundation et du Wissenschaftskolleg de Berlin.
Au centre re:work, il prévoit d’examiner les évolutions du travail de corvée dans l’histoire de l’Éthiopie. À travers les siècles, le travail de corvée a été un élément prédominant dans les relations entre paysan·nes et propriétaires terriens, obligeant les paysan·nes, entre autres, à travailler dans la ferme des propriétaires ou des représentants de l’État pendant certains jours de la semaine, à construire leurs maisons et leurs clôtures ou bien à surveiller leur demeure durant leur absence et à moudre leur grain. Ce lourd fardeau pesant sur la paysannerie éthiopienne a été soulignée avec passion et de manière poignante par les intellectuel·les réformistes du début du xxe siècle. Probablement inspiré par les écrits de ces intellectuel·les, le prince progressiste ras Tafari (et futur empereur Haïlé Sellassié) a publié trois décrets entre 1928 et 1944 qui allégèrent considérablement la charge de travail des paysan·nes et abolirent finalement le travail de corvée. Aussi progressives soient-elles, ces mesures n’ont pas fait disparaître entièrement la corvée. On constate la persistance significative de ce que l’on pourrait appeler la « culture de la corvée », même après l’abolition formelle de cette institution. Si l’on peut encore parler de travail de corvée après son abolition, on peut également faire remonter cette notion dans le temps. L’État éthiopien a dans ce domaine une longue tradition d’au moins deux mille ans. Au centre re:work, Bahru Zewde souhaite développer cette investigation sur l’histoire du travail de corvée en analysant plus en détail ses caractéristiques et sa trajectoire et en l’inscrivant dans un contexte mondial.
Publications
The Quest for Socialist Utopia. The Ethiopian Student Movement, c. 1960-1974. Woodbridge: James Currey, 2014.
Society, State, and History. Selected Essays. Addis Ababa: Addis Ababa University Press, 2008.
Pioneers of Change in Ethiopia. The Reformist Intellectuals of the Early Twentieth Century. Oxford: James Currey, 2002.
« A Bibliographical Prelude to the Agrarian History of Pre-Revolution Ethiopia ». Proceedings of the Third Annual Seminar of the Department of History, Addis Ababa University, 1986.
« Economic Origins of the Absolutist State in Ethiopia (1916-1935) ». Journal of Ethiopian Studies 17 (1984): 1‑29.
Dernière mise à jour: 14 août 2018