L’invité du directeur
2018/2019
Professor Pauli Kettunen
Faculty of Social Sciences, University of Helsinki, Finnland
Corporate Citizens and Social Partners: Neo-Voluntarism and Soft Governance in the Regulation of Labour
Pauli Kettunen est professeur d’histoire politique au département de sciences sociales de l’Université d’Helsinki depuis 2000. De 2007 à 2014, il a dirigé le Nordic Centre of Excellence NordWel (The Nordic Welfare State – Historical Foundations and Future Challenges ; L’État-providence nordique – fondements historiques et défis futurs). Il est, depuis 2009, professeur honoraire en études de l’État-providence à l’Université du Danemark du Sud. Pauli Kettunen a participé activement à plusieurs projets de recherche sur les relations du travail et les États providence dans les pays nordiques, les mouvements sociaux, le nationalisme et la mondialisation, ainsi que l’histoire des concepts politiques. Il a publié de nombreux ouvrages et articles sur ces thèmes.
Lors de son séjour au centre re:work, Pauli Kettunen étudie la manière dont l’harmonie et la symétrie sont idéologiquement mis en avant et font ainsi l’objet d’une accentuation qui, paradoxalement, est liée à des transformations récentes et actuelles en matière de réglementation du travail. À une époque où le capitalisme tend à dissoudre les contraintes géographiques, l’« engagement citoyen des entreprises », concept peu prétentieux tourné vers l’échelle communautaire, connaît une forte popularité dans les débats autour de la « responsabilité sociale des entreprises ». Tandis que les asymétries entre travail et capital se creusent sur fond de capitalisme mondialisé, des expressions symétriques et aux tonalités chaleureuses telles que « partenaires sociaux » et « dialogue social » sont fréquemment employées, notamment dans le langage de l’Union européenne. En analysant historiquement les notions d’« engagement citoyen des entreprises » et de « partenariat social », Pauli Kettunen souhaite souligner, d’une part, l’évolution des relations entre public et privé dans le cadre de la transformation de l’État-nation en État compétitif et, d’autre part, le rôle joué par le néo-volontarisme et la gouvernance souple dans la réglementation du travail. Pour ce faire, il s’appuie notamment sur ses travaux antérieurs consacrés au « modèle scandinave », qu’il a étudié d’un point de vue historique transnational et comparé à l’échelle européenne en portant une attention particulière aux implications politiques du langage et des notions qui le caractérisent. Pauli Kettunen examine les modes de pensée et d’action véhiculés par l’« engagement citoyen des entreprises » et le « partenariat social » en lien avec les composantes idéologiques qui ont contribué à construire le « modèle scandinave », notamment l’idée de parité entre acteurs du marché du travail. Il les relie également au tripartisme établi comme norme universelle par l’OIT et interroge le rôle joué par l’OIT, les Nations unies, l’OCDE et l’Union européenne dans le développement et la promotion de nouvelles idées et pratiques relevant du néo-volontarisme et de la gouvernance souple.
Publications
avec Klaus Petersen, Stein Kuhnle, Yoko Otsuka, et Akio Kamiko, éd. Hokuo fukushi kokka wa jizoku kano ka. Tagensei to seisaku kyocho no yukue. Kyoto: Mineruvashobo, 2017.
avec Sonya Michel, et Klaus Petersen, éd. Race, Ethnicity and Welfare States. An American Dilemma? Cheltenham: Edward Elgar Publishing, 2015.
avec Stein Kuhnle, et Yuan Ren, éd. Reshaping Welfare Institutions in China and the Nordic Countries. Helsinki: Nordic Centre of Excellence NordWel, 2014.
avec Klaus Petersen, éd. Beyond Welfare State Models. Transnational Historical Perspectives on Social Policy. Cheltenham: Edward Elgar Publishing, 2011.
Dernière mise à jour: 27 septembre 2018
Dr. Asli Vatansever
Università degli Studi di Padova, Italie
The Making of the Neoliberal Worker: Human Resources Management and the Alignment of the Worker with the Flexible Time-Regime
Aslı Vatansever (née en 1980 à Istanbul) est maîtresse de conférence en sociologie du travail et se concentre sur le travail universitaire précaire. Elle a obtenu son doctorat en sociologie à l’Université de Hambourg en janvier 2010 avec une étude intitulée Ursprünge des Islamismus im Osmanischen Reich. Eine weltsystemanalytische Perspektive (Origines de l’islamisme dans l’Empire ottoman : une analyse du point de vue des système-monde, Hambourg, Dr. Kovač Verlag, 2010). De septembre 2010 à avril 2016, elle a enseigné au sein de la Division des sciences humaines et sociales de l’Université Doğuş (Istanbul), jusqu’à ce qu’elle soit démise de ses fonctions pour avoir signé la pétition des Universitaires pour la paix et avoir pris position dans la presse nationale et internationale contre les politiques autoritaires du gouvernement AKP. Elle a été chercheuse invitée au Zentrum Moderner Orient (octobre 2016-mai 2017) où elle a travaillé sur la connivence entre les universités et l’État en Turquie. Pendant son séjour au Centre Marc Bloch à Berlin en juin et juillet 2017, elle a mené une recherche empirique sur la relation entre précarité et subjectivité, basée sur des entretiens approfondis semi-structurés avec les Universitaires pour la paix exilé·es en Allemagne. Elle a résumé les résultats de cette recherche dans deux articles et dans un projet de livre en cours lors de son séjour au département de sciences politiques, de droit et d’études internationales de l’Université de Padoue en tant que Scholar Rescue Fund Fellow (septembre 2017-août 2018). Le manuscrit de l’ouvrage intitulé At the Margins of Academia. Exile, Precariousness, and Subjectivity (Dans les marges de l’académie : exil, précarité et subjectivité) sera achevé d’ici novembre 2018 et soumis à la maison d’édition Brill.
Les recherches d’Aslı Vatansever portent sur la dynamique de la transition que connaissent à l’heure actuelle les sociétés capitalistes en général, et sur la nature changeante des relations capital-travail en particulier. Dans le sillage de la vague de soulèvements au niveau mondial et du mouvement du parc Gezi qui a suivi et auquel elle a participé activement, elle a commencé à concentrer ses recherches sur le précariat comme principal vecteur des mouvements Occupy à travers le monde. Elle a écrit deux articles bien accueillis sur la précarisation de la main-d’œuvre qualifiée et, en 2015, elle a coécrit un livre intitulé Ne Ders Olsa Veririz. Akademisyenin Vasıfsız İşçiye İşçiye Dönüşümü (Prêt à tout enseigner : la transformation des universitaires en main-d’œuvre non qualifiée) sur le déclassement des universitaires, qui a suscité un débat animé sur la marchandisation et la dévalorisation de la main-d’œuvre universitaire dans les universités privées en Turquie. Outre son projet de livre en cours sur la précarité et la subjectivité, Aslı Vatansever co-organise actuellement la conférence internationale « Problems of Scientific Freedom in Modern and Contemporary History » (Problèmes concernant la liberté scientifique dans l’histoire moderne et contemporaine) qui aura lieu à l’Université Goethe de Francfort-sur-le-Main les 2 et 3 novembre 2018.
Publications
At the Margins of Academia. Exile, Precariousness, and Subjectivity. Brill, sous presse.
« Partners in Crime. The Anti-Intellectual Complicity between the State and the Universities in Turkey ». The Journal of Interrupted Studies, 2018, 1‑23.
« Sürgün Hükmünde Kararname. Göçebelik, Güvencesizlik ve Özneleşme [= Exile Decree. Nomadism, Precariousness, and Subjectivation] ». In OHAL’de Hayat. KHK’lılar konuşuyor, édité par Kemal İnal, Efe Beşler, et Batur Talu. Ankara: Belge, 2018.
« Proletarya ile Orta Sınıf Arasında: Siyasi Aktör Olarak Prekarya [= Between the Proletariat and the Middle Class. The Precariat as a Political Actor] ». In Türkiye’de Toplumsal Tabakalaşma ve Eşitsizlik, édité par Lütfi Sunar, 163‑94. Istanbul: Matbu, 2016.
avec Meral Gezici-Yalçın. Ne Ders Olsa Veririz. Akademisyenin Vasıfsız İşçiye Dönüşümü [= Ready to Teach Anything: The Transformation of the Academic into Unskilled Worker ]. Istanbul: İletişim, 2015.
« A Tale of Two and A Half Revolutions ». Humanities and Social Sciences Review 2, no 2 (2013): 1‑6.
« Die Muslimbrüder und die AKP. Die Blinden und der Einäugige ». Zeitschrift Für Weltgeschichte 14, no 2 (2013): 159‑82.
Ursprünge des Islamismus im Osmanischen Reich. Eine weltsystemanalytische Perspektive. Socialia 110. Hamburg: Kovač, 2010.
Dernière mise à jour: 12 février 2020
2017/2018
Professor Judy Fudge
University of Kent, La Grande-Bretagne
Labour Exploitation, Unfree Labour and the Productive Power of Legal Characterization
Judy Fudge a d’abord étudié la philosophie avant de se tourner vers le droit. Elle enseigne actuellement le droit du travail à la Kent Law School de l’Université du Kent, qu’elle a rejoint en 2013. Elle a commencé sa carrière universitaire au Canada, dans un premier temps à l’Osgoode Hall Law School de l’Université de York, puis à l’Université de Victoria. Son travail de recherche initial portait sur l’histoire du droit du travail canadien, et on lui doit de nombreux écrits dans le vaste domaine du droit du travail, où elle s’est récemment concentrée sur le lien entre droit du travail/ migration, la citoyenneté au travail et les approches féministes du droit du travail. Elle a obtenu une bourse à l’Institut d’Études Avancées (département juridique) à Nantes, France en 2014/2015. Auparavant, elle occupait le poste de professeure invitée à l’Institut pour la recherche sur les migrations, l’ethnicité et la société (REMESO) de l’Université de Linköping et dans le cadre du programme de recherche NORMA de l’Université de Lund, et elle a également reçu une bourse Braudel de l’Institut universitaire européen de Florence.
À re:work, Judy travaillera sur un livre, provisoirement intitulé Labour Exploitation, Modern Slavery and Unfree Labour:The Social Dynamics of Legal Characterization (Exploitation de la main d’œuvre, esclavage moderne et travail non libre : la dynamique sociale de la qualification juridique), qui soulève les questions suivantes : Comment l’absence de liberté dans le travail est-elle qualifiée à des fins juridiques ? Quels sont les processus sociaux qui motivent la qualification juridique et les effets sociaux de cette qualification juridique ? Le livre explore les qualifications juridiques contradictoires ou se recoupant des différentes formes de travail non libre (tel que l’esclavage moderne, le travail forcé ou la traite des êtres humains à des fins d’exploitation par le travail) au Royaume-Uni et en Europe. Il tentera d’élucider dans quelle mesure le contexte économique et politique amplifie ou retarde l’influence et la portée de catégories juridiques spécifiques et de leurs technologies de gouvernance, ce qui, à son tour, façonne notre compréhension de l’exploitation par le travail (est-elle causée par des employeurs sans scrupules, la gouvernance faible des chaînes d’approvisionnement, un effet structurel du capitalisme mondialisé néolibéral ou par les travailleurs migrants qui abaissent les salaires ?) et de la réponse de l’état à ce phénomène (renforcer les contrôles de l’immigration, exercer des sanctions pénales aux employeurs malhonnêtes, fournir des ressources aux inspections du travail ou donner plus de moyens aux syndicats).
Publications
« Migrant Domestic Workers in British Columbia, Canada Unfreedom, Trafficking and Domestic Servitude ». In Temporary Labour Migration in the Global Era. The Regulatory Challenges, édité par Joanna Howe, Rosemary J. Owens, et Oñati International Institute for the Sociology of Law, 151‑72. Oxford: Hart, 2016.
avec Kendra Strauss, éd. Temporary Work, Agencies and Unfree Labour. Insecurity in the New World of Work. New York, NY: Routledge, 2014.
« Feminist Reflections on the Scope of Labour Law. Domestic Work, Social Reproduction, and Jurisdiction ». Feminist Legal Studies 22, no 1 (2014): 1‑23.
« Making Claims for Migrant Workers. Human Rights and Citizenship ». Citizenship Studies 18, no 1 (2014): 29‑45.
« Blurring Legal Boundaries. Regulating Work ». In Challenging the Legal Boundaries of Work Regulation, édité par Judy Fudge, Shae McCrystal, et Kamala Sankaran, 1‑26. Oxford: Hart, 2012.
« Labour as a ‘Fictive Commodity’. Radically Reconceptualizing Labour Law ». In The Idea of Labour Law, édité par Guy Davidov et Brian Langille, 120‑35. Oxford: Oxford University Press, 2011.
Dernière mise à jour: 01. Septembre 2017
Professor Deborah James
The London School of Economics and Political Science, United Kingdom
The New Middle Class in (South) Africa in Comparative Perspective
Deborah James est une anthropologue spécialiste de l’Afrique du Sud et de l’Afrique australe. Elle a récemment débuté des recherches sur le Royaume-Uni. Son travail privilégie une approche politique et économique et ses domaines d’expertise couvrent l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni, l’ethnographie des services de conseil et d’assistance, l’aspiration à l’ascension sociale, l’endettement et l’aide sociale, la société civile, la citoyenneté et l’État, l’anthropologie économique, l’ethnomusicologie, les réformes agraires et les régimes de propriété ainsi que les migrations et l’ethnicité.
Dans sa recherche consacrée au tristement célèbre système de l’apartheid en Afrique du Sud, elle a documenté pour la première fois les vies des travailleurs et cultivateurs migrants noirs confrontés à la dureté du régime ainsi que l’impact sur ces vies des tentatives visant à éradiquer les formes d’injustice qui ont survécu au régime. Dans la continuité de son ouvrage paru en 2007, Gaining Ground?, dans lequel elle explore la complexité de la réforme agraire lancée par le gouvernement post-apartheid, ses travaux récents portent sur l’endettement et l’aspiration à l’ascension sociale. Dans l’ouvrage primé Money from Nothing (Stanford, 2015), elle explore les dynamiques à l’œuvre autour d’un programme d’inclusion financière lancé en Afrique du Sud. Ce programme visait à ouvrir l’accès au crédit aux Sud-Africains noirs afin de garantir leur émancipation économique. Elle montre ici comment l’accès au crédit des classes moyennes et ouvrières sud-africaines est étroitement lié aux questions d’identité, de statut et de l’aspiration à l’ascension sociale, tout en soulignant la nature paradoxale de la dette comme relation économique. En effet, si l’endettement peut signifier un soutien financier pour les personnes qui le contractent, il génère également de nouvelles formes de dépossession qui viennent se substituer aux anciennes privations de droits. Cet ouvrage retrace les expériences de millions de personnes qui, dans le contexte des économies émergentes, s’endettent afin d’améliorer leur situation sociale ou de tout simplement garantir leurs moyens d’existence.
Quittant le contexte sud-africain, elle a participé à un projet collectif financé par l’ESRC intitulé « l’ethnographie des services de conseil et d’assistance » qui explore les politiques d’austérité mises en œuvre à l’échelle de l’Union européenne et du Royaume-Uni. S’appuyant sur sa contribution à ce projet, l’article « Innovation and patchwork partnerships: advice services in austere times », co-écrit avec Alice Forbess, offre un nouvel aperçu de l’impact réel des politiques d’austérité sur la vie des gens. Dans cet article, elle montre comment les travailleurs sociaux et les organisations pour lesquelles ils travaillent, bien loin d’accepter passivement les coupes budgétaires imposées par le gouvernement, s’efforcent d’assembler un « patchwork » de subventions, développent de nouvelles formes de conseil personnalisé, investissent dans les fonds des collectivités locales afin d’obtenir des subventions à l’échelle nationale et aident les personnes à payer leur taxe d’habitation et leur loyer. Quand les demandes de restitution suivant un versement erroné d’allocations entraînent des situations d’endettement, ils assistent également les personnes concernées pour qu’elles réussissent à s’acquitter de leurs impôts. Comme le démontre l’article, l’austérité signifie pour ces travailleurs sociaux non pas l’acceptation passive des compressions budgétaires, mais la recherche de nouvelles sources de financement, de modes d’intervention innovants ainsi que la création de nouveaux espaces permettant de défendre et d’instaurer une forme de justice sociale.
Ses travaux de recherche précédents portaient sur les liens entre ethnicité, migration et performance musicale. Dans son ouvrage Songs of the women migrants: Performance and identity in South Africa (Edinburgh 1999), elle montre comment les femmes migrantes de la province du Nord se définissent comme sujets ethnicisés à travers le chant et la performance musicale.
Au centre re:work, elle s’intéresse aux nouvelles classes moyennes des pays du Sud. Elle cherche à comprendre l’évolution des régimes de classe, de travail et d’aide sociale en analysant l’intersection contradictoire entre aspirations récentes à la prospérité et nouvelles formes d’austérité. Dans un contexte où nombreux sont celles et ceux qui entretiennent des rêves que leurs parents n’auraient jamais osés avoir, la précarité grandissante de l’emploi (et sa disparition presque intégrale dans de nombreux secteurs) suscite l’essor des relations de dépendance. De plus en plus de personnes se retrouvent désormais dépendantes de l’État (que ce soit comme employées de la fonction publique ou par l’intermédiaire des régimes de protection sociale), de « prestations » informelles organisées par l’église ou encore de transferts de fonds ou toute autre aide venant de proches plus aisés ayant connu une ascension sociale. Souvent, ces deux types de dépendance se recoupent. La redistribution et les impôts, compris au-delà des simples régimes fiscaux, prennent de nouvelles significations. Si la prospérité et l’aspiration à l’ascension sociale sont saluées à juste titre, elles ont pour revers caché la dépendance à l’égard des aides sociales ou des prêts à taux exorbitants.
Publications
« New Subjectivities: Aspiration, Prosperity and the New Middle Class ». African Studies 78, no 1 (2019): 33‑50.
avec Alice Forbess. « Innovation and Patchwork Partnerships. Advice Services in Austere Times ». Oñati Socio-Legal Series 7, no 7 (2017): 1465‑86.
Money from Nothing. Indebtedness and Aspiration in South Africa. Stanford, CA: Stanford University Press, 2015.
Gaining Ground? « Rights » and « Property » in South African Land Reform. Abingdon: Routledge-Cavendish, 2007.
Songs of the Women Migrants. Performance and Identity in South Africa. Edinburgh: Edinburgh University Press, 1999.
Dernière mise à jour: 10 janvier 2019
Dr Marcia Schenck
Universität Potsdam, L'Allemagne
International Organizations and African Return Migration: Between Fears of Brain Drain and Visions of Development
Marcia C. Schenck a récemment obtenu son doctorat en histoire à l’Université de Princeton. Sa thèse examine la migration de travail et à des visées de formation encouragée par l’État entre la République populaire d’Angola, le Mozambique et la République démocratique allemande (RDA) entre 1975 et 1990. Pendant la guerre froide, les relations politiques et économiques entre le « Second monde » et le « Tiers-monde » ont ouvert des routes migratoires aux jeunes femmes et hommes africains, leur permettant d’aller travailler et étudier à l’étranger. Dans ce processus, il était attendu des migrants qu’ils acquièrent une expertise et des compétences techniques en vue de développer à leur retour leurs États postcoloniaux naissants. Retraçant au travers des expériences vécues par ces migrants les transitions politiques du Angola et du Mozambique de la décolonisation au socialisme puis aux démocraties fondées sur le marché libre, son travail est profondément ancré dans l’histoire africaine. La thèse de Schenck illustre l’impact durable de l’expérience migratoire, qui a marqué d’une empreinte indélébile le rapport des travailleurs angolais et mozambicain à la production, la consommation, l’éducation et aux relations affectives. Elle montre également que les histoires angolaise et mozambicaine sont étroitement liées et s’entrecroisent avec celle d’autres nations socialistes telles que l’Allemagne de l’Est. En suivant les vies des migrants transnationaux, nous comprenons mieux l’importance des liens socialistes mondiaux non militaires dans l’histoire africaine durant la guerre froide et après celle-ci. Pendant sa résidence à re:work, Schenck s’attèlera à la rédaction d’un livre à partir de sa thèse.
Ses domaines de recherche comprennent l’histoire du travail, la migration, l’éducation et le développement, l’histoire orale, l’histoire africaine et globale et l’histoire des organisations internationales. Marcia est titulaire d’un M.Sc. en études africaines de l’Université d’Oxford.
Publications
« Between Hammer, Machete, and Kalashnikov. Contract Labor Migration from Angola and Mozambique to East Germany, 1979-1990 ». EuropeNow. A Journal of Research & Art, no 15 (2018).
« A Chronology of Nostalgia. Memories of Former Angolan and Mozambican Worker Trainees to East Germany ». Labor History, février 2018, 1‑23.
« Negotiating East Germany. Angolan Student Migration during the Cold War 1976-90 ». Africa, en cours de révision.
« A Conversation About Global Lives in Global History. South Korean Overseas Travelers and Angolan and Mozambican Labourers in East Germany During the Cold War ». L’Atelier du Centre de recherches historiques. Revue électronique du CRH, en cours de révision.
« From Luanda and Maputo to Berlin. Uncovering Angolan and Mozambican Migrants’ Motives to Move to the German Democratic Republic (1979–1990) ». African Economic History 44, no 1 (2016): 202‑34.
« Review of Cleveland, Todd: Diamonds in the Rough. Corporate Paternalism and African Professionalism on the Mines of Colonial Angola, 1917–1975. Ohio 2015 ». H-Soz-Kult, 2 septembre 2016.
« Tanja R. Müller. Legacies of Socialist Solidarity: East Germany in Mozambique. Lanham, Md.: Lexington Books, 2014. Xvi + 205 Pp. List of Figures. List of Tables. List of Acronyms. Appendixes. Bibliography. Index. $85.00. Cloth. Ulrich van der Heyden, Wolfgang Semmler, and Ralf Straßburg, Eds. Mosambikanische Vertragsarbeiter in der DDR-Wirtschaft: Hintergründe–Verlauf–Folgen. (Mozambican Contract Laborers in the GDR Economy: Background–Course–Consequences.) Berlin: LIT Verlag, 2014. Appendix. Index. €39.90. Paper. » African Studies Review 58, no 1 (2015): 247‑50.
avec Mariana P. Candido. « Uncomfortable Pasts. Talking About Slavery in Angola ». In African Heritage and Memories of Slavery in Brazil and the South Atlantic World, édité par Ana Lucia Araujo, 213‑52. Amherst, MA: Cambria Press, 2015.
2016/2017
Professor Sven Beckert
Harvard University, Cambridge, MA, USA
Capitalism: A Global History
Dans ses travaux de recherche et son enseignement, Sven Beckert s’intéresse à l’histoire des États-Unis au xixe siècle et se consacre tout particulièrement à l’histoire du capitalisme, notamment dans ses dimensions économiques, sociales, politiques et transnationales. Sven Beckert est co-directeur du Programme de recherche sur le capitalisme de l’Université de Harvard ainsi que de la Weatherhead Initiative on Global History (WIGH - Initiative Weatherhead sur l’histoire globale). Dans le cadre de ses activités en dehors de Harvard, il co-dirige un groupe de recherche international sur l’histoire globale ainsi qu’une collection d’ouvrages intitulée « America in the World » (L’Amérique dans le monde) publiée aux Princeton University Press. Il a, par ailleurs, co-organisé une série de conférences consacrées à l’histoire du capitalisme. En 2011, il a bénéficié d’une bourse Guggenheim. Il dirige également le programme d’échange universitaire Harvard College Europe Program. Son enseignement porte sur l’économie politique du capitalisme moderne, l’histoire du capitalisme aux États-Unis, les États-Unis lors de l’essor économique de la fin du xixe siècle (le Gilded Age), l’histoire du travail, le capitalisme mondial et l’histoire du capitalisme européen. En collaboration avec un groupe d’étudiants, il a également étudié les liens historiques entre l’Université de Harvard et l’esclavage. Cette étude a donné jour à l’ouvrage Harvard and Slavery : Seeking a Forgotten History (Harvard et l’esclavage : sur les traces d’une histoire oubliée). En 2014, il a publié Empire of Cotton : A Global History (L’empire du coton : une histoire globale), premier ouvrage à retracer l’histoire globale de la marchandise qui a marqué le xixe siècle. Cette monographie a reçu le Bancroft Award, le Philip Taft Award, la Cundill Recognition for Excellence et a été nominée parmi les finalistes du Prix Pulitzer. Ses autres publications sont consacrées à la bourgeoisie au xixe siècle, la main-d’œuvre, la démocratie, l’histoire globale et aux rapports entre esclavage et capitalisme.
Durant son séjour à re:work, Sven Beckert souhaite entamer ses recherches pour un ouvrage intitulé Capitalism : A Global History (Capitalisme : une histoire globale – titre provisoire) et en commencer la rédaction. Il y retracera l’histoire du capitalisme au cours des cinq derniers siècles dans une perspective mondiale. Cet ouvrage a pour but de fournir aux débats actuels sur le capitalisme une perspective historique sur le long terme, de replacer la problématique du capitalisme au cœur même de la recherche historique ainsi que de souligner la dimension mondiale du développement des relations sociales capitalistes dans différentes régions du monde. Sven Beckert vise ainsi à définir le capitalisme comme un système profondément ancré dans le contexte politique, culturel et historique de lieux spécifiques. Il souhaite également souligner le caractère révolutionnaire de ces transformations et le large éventail de conséquences qu’elles ont entraînées. Il mettra l’accent sur l’importance d’une mise en perspective à l’échelle mondiale des articulations locales du capitalisme et sur le rôle que joue la dimension locale dans les changements mondiaux. Enfin, il analysera de manière systématique le rôle joué par l’expansion capitaliste dans l’émergence simultanée d’États de plus en plus puissants.
Publications
avec Dominic Sachsenmaier, éd. Global History, Globally. Research and Practice Around the World. London: Bloomsbury, 2018.
avec Christine Desan. American Capitalism. New Histories. New York, NY: Columbia University Press, 2018.
« American Danger. United States Empire, Eurafrica, and the Territorialization of Industrial Capitalism, 1870–1950 ». The American Historical Review 122, no 4 (2017): 1137‑70.
avec Seth Rockman, éd. Slavery’s Capitalism. A New History of American Economic Development. Philadelphia, PA: University of Pennsylvania Press, 2016.
Empire of Cotton. A Global History. New York, NY: Alfred A. Knopf, 2014.
avec Julia Rosenbaum, éd. The American Bourgeoisie. Distinction and Identity in the Nineteenth Century. New York, NY: Palgrave Macmillan, 2010.
« From Tuskegee to Togo. The Problem of Freedom in the Empire of Cotton ». The Journal of American History 92, no 2 (2005): 498‑526.
« Emancipation and Empire. Reconstructing the Worldwide Web of Cotton Production in the Age of the American Civil War ». The American Historical Review 109, no 5 (2004): 1405‑38.
« Democracy and Its Discontents. Contesting Suffrage Rights in Gilded Age New York ». Past & Present 174, no 1 (2002): 116‑57.
The Monied Metropolis. New York City and the Consolidation of the American Bourgeoisie, 1850 - 1896. Cambridge: Cambridge University Press, 2001.
Professor Daniel Eisenberg
School of the Art Institute of Chicago, USA
The Unstable Object
Daniel Eisenberg vit et travaille à Chicago. Il est professeur au sein des départements cinéma/vidéo/nouveaux médias/animation et études visuelles et critiques de l’École de l’Institut d’art de Chicago. Il réalise depuis trente ans des films et des vidéos mêlant documentaire et médias expérimentaux. Ses films ont été projetés en Europe, en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, notamment dans le cadre d’expositions personnelles au Museum of Modern Art (New York), au Centre Georges Pompidou (Paris), au Pacific Film Archive (Berkeley), au Hirshhorn Museum (Washington DC), à l’American Museum of the Moving Image (New York), au Musée du cinéma (Bruxelles), au Café De Unie (Rotterdam) et au Kino Arsenal (Berlin), ou encore lors de festivals du film à Sydney, Londres et Jérusalem ainsi qu’à la Berlinale, au FIDMarseille et à la Whitney Biennial de New York. Son travail a également été présenté dans le cadre de conférences et de symposiums, notamment lors de la première Conférence Walter Benjamin à Portbou-Barcelone (Espagne). Ses travaux cinématographiques ont été récompensés par de nombreux prix et distinctions, notamment le Berlin Prize de l’American Academy de Berlin ainsi que par différentes bourses telles que celle de la Fondation John Simon Guggenheim, du DAAD dans le cadre du Berliner Künstlerprogramm, de l’Illinois Arts Council Media Arts, de l’organisation Creative Capital ainsi que du National Endowment for the Arts. Daniel Eisenberg a obtenu des prix notamment dans le cadre du FIDMarseille (Prix Georges de Beauregard international), du festival arc+film (Graz), de l’Ann Arbor Film Festival, du Black Maria Film and Video Festival et du New England Film Festival. Ses films font partie des collections du Centre Georges Pompidou (Paris), d’Arsenal-Experimentale (Berlin), du Nederlands Filmmuseum (Amsterdam), de la Haus des Dokumentarfilms (Stuttgart) ainsi que de nombreuses universités et écoles d’art et de cinéma. Son projet actuel, L’objet instable, série de films et d’installations consacrée aux usines du monde, a été présenté dans le cadre d’une installation au Museum of Arts and Design de New York et lors de la 3e édition de l’Istanbul Design Biennial.
Au cours de son séjour au centre re:work, Daniel Eisenberg recherche des sites pour le tournage du troisième film de la série L’objet instable : « La technologie déstabilise sans cesse les systèmes sociaux et économiques et cette déstabilisation transforme notre rapport aux objets. Désormais, les choses sont porteuses d’un nouveau registre de significations instables. Les raisons qui nous poussent à souhaiter une chose, la signification que cette chose a pour nous, la manière dont sa valeur est établie : toutes ces questions ont pris une dimension politique et phénoménologique. L’objet instable, un projet d’observation cinématographique de longue durée, s’articule autour de ces questions élémentaires et de quelques autres : quel rapport ceux qui fabriquent les choses qui nous entourent entretiennent-ils avec leur lieu de travail ? Quelle est, à leurs yeux, la signification de l’objet ? De quelle manière sommes-nous reliés par ces objets ? Quels types d’échange ont lieu par l’intermédiaire de l’objet lui-même ? L’objet instable examine les « choses » et les « objets » à une époque où notre compréhension de la culture matérielle est plus instable que jamais. Il m’a semblé essentiel de concevoir un projet qui mette en lumière de nombreux travailleur étrangers, rendant ainsi visible ce que la nouvelle économie, de par sa logique d’une part et la distance géographique d’autre part, a rendu invisible et a dissimulé. Le projet a également pour but, et non des moindres, de présenter des sites où la concentration des ressources et des technologies fait émerger des configurations inattendues. Les usines retenues sont traversées par un vaste réseau de relations perceptibles révélant la complexité et les contradictions du système actuel. Au sein du marketing mondial contemporain, les marques doivent sans cesse développer de nouvelles stratégies et renouveler les modes afin de permettre à leurs marchandises de se distinguer de celles de la concurrence féroce. Il ne fut donc pas difficile de trouver des usines où la réponse à cette demande est à la fois très forte et contradictoire, voire parfois d’une efficacité effrayante. Partant de ces réflexions initiales, le projet s’est élargi grâce à des travaux de recherche qui ont amené de nouvelles idées et stratégies. Le projet final comportera trois longs métrages portant chacun sur trois usines présentées sous forme d’un portrait d’environ 30 minutes. Ces films sont structurés autour d’un thème général et présentent des usines dont les profils sont complémentaires. Des associations se créent tant à l’intérieur d’un film qu’entre les différents films. Afin de rendre justice à l’objet extrêmement instable qu’est devenue l’image en mouvement depuis une dizaine d’années, ce travail a été conçu pour différents formats ainsi que pour des publics et des lieux divers ; suffisamment durable pour s’adapter à des configurations à géométrie variable telles qu’installation en galerie ou portrait d’usine individuel, il garde sa lisibilité conceptuelle dans des contextes d’exposition et des espaces très variés… ».
Publications
The Unstable Object. 67 min, Documentaire, 2011. (Mot de passe : unstable071011)
Something More Than Night. 73 min, Documentaire, 2003.
Persistence. 86 min, Documentaire, 1997.
Displaced Person. 11 min, Documentaire, 1991.
Cooperation of Parts. 40 min, Documentaire, 1983.
Dernière mise à jour: 01. octobre 2016
Professor Hanchao Lu
Georgia Institute of Technology, Atlanta, GA, USA
Striving not to Work: The Lifecycles of the Urban 'Idle Labor Force' in China
Hanchao Lu est professeur d’histoire à l’Académie d’histoire et de sociologie du Georgia Institute of Technology (États-Unis). Spécialiste de l’histoire socioéconomique et culturelle de la Chine moderne, Hanchao Lu a publié un grand nombre d’articles en anglais et en chinois dans des revues scientifiques de renom. Il a également publié trois ouvrages primés, Beyond the Neon Lights (Derrière les néons), Street Criers (Crieurs publics) et The Birth of A Republic (La naisssance d’une République). Dans ses travaux, il s’intéresse à la vie quotidienne des classes populaires au cours de la période mouvementée qu’a connu la Chine à l’époque moderne. Hanchao Lu est rédacteur en chef de la revue à comité de lecture Chinese Historical Review (Taylor & Francis Group) et dirige la collection The Culture and Customs of Asia (Culture et coutumes en Asie, ABC-CLIO) qui compte 16 ouvrages. Il a été président de l’Association des historiens de la Chine aux États-Unis (CHUS) et a été chercheur associé à l’Institut d’Asie de l’Est de l’Université nationale de Singapour ainsi que William Bentinck-Smith Fellow à l’Institut Radcliffe de l’Université de Harvard. Il siège en tant que conseiller ou membre honoraire dans de nombreuses institutions universitaires chinoises, notamment l’Académie de sciences sociales de Shanghai et l’Université Fudan. Il a également été membre de jurys pour la Fondation Ford, l’American Council of Learned Societies et le Comité d’attribution des bourses universitaires de la Région administrative spéciale de Hong Kong.
Au centre re:work, Hanchao Lu travaille sur un projet intitulé « Tout faire pour ne pas travailler : parcours de vie de la main-d’œuvre urbaine “paresseuse” en Chine ». Dans ce projet, il étudie un groupe de jeunes citadins qui défia l’ordre étatique sous Mao afin de quitter la ville. Selon les données du recensement officiel, ces jeunes – contemporains des baby-boomeurs occidentaux – furent classés comme « main-d’œuvre paresseuse ». Sorte de marginaux, ces jeunes citadins réussirent à être embauchés comme travailleurs journaliers pendant la Révolution culturelle tout en étudiant en parallèle les formes de savoir méprisées par les maoïstes. Hanchao Lu s’intéresse tout particulièrement aux rapports que cette main-d’œuvre entretenait avec les ouvrières des ateliers de quartier de Shanghai.
Publications
«The Tastes of Chairman Mao. The Quotidian as Statecraft in the Great Leap Forward and Its Aftermath». Modern China 41, no 5 (2015): 539‑72.
The Birth of a Republic. Francis Stafford’s Photographs of China’s 1911 Revolution and Beyond. Seattle, WA: University of Washington Press, 2010.
中国第一客卿. 鹭宾・赫德传 [= A Man of Two Worlds. The Life of Sir Robert Hart, 1835-1911]. Shanghai: Shanghai Academy of Social Sciences Press, 2009.
Street Criers. A Cultural History of Chinese Beggars. Stanford, CA: Stanford University Press, 2005.
Beyond the Neon Lights. Everyday Shanghai in the Early Twentieth Century. Berkeley, CA: University of California Press, 2004.
«The Significance of the Insignificant. Reconstructing the Daily Lives of the Common People of China». China. An International Journal 1, no 1 (2003): 144‑58.
Dernière mise à jour: 01. octobre 2016
Professor Drew Thompson
Bard College, New York, USA
Photography’s Bureaucracy: Constructing Colony and Nation in Mozambique, 1960 to Recent Times
Drew Thompson est spécialisé en histoire politique et visuelle. L’Afrique subsaharienne (notamment l’Afrique lusophone) constitue son aire de recherche et il s’intéresse en particulier au nationalisme, à la formation des États, aux mouvements de libération transnationaux et à l’histoire des technologies et des bureaucraties. Il est maître de conférences en histoire et en Africana Studies au Bard College et a obtenu son doctorat en histoire de l’Afrique à l’Université du Minnesota. Basées sur des travaux d’archives, des stages en studio et des récits oraux, sa thèse analyse l’histoire de la libération et de l’indépendance du Mozambique de 1950 à 1993 à la lumière des politiques raciales de représentation ayant émergé suite à l’appropriation de l’outil photographique à la fois par l’État et par la population. En collaboration avec des collègues de l’Université du Cap-Occidental, il a coédité un numéro spécial consacré à l’historiographie mozambicaine de Kronos, revue à comité de lecture. Il a organisé de nombreux séminaires, ateliers et conférences en lien avec ses thèmes de recherche. Il a également été membre des comités de lecture des revues Social Dynamics : A Journal of African Studies, Critical Interventions : Journal of African Art History and Visual Culture et Anthropology Quarterly.
Lors de son séjour au centre re:work, Drew Thompson prépare le manuscrit d’un ouvrage intitulé Photography’s Bureaucracy : Constructing Colony and Nation in Mozambique, 1960 to Recent Times (La bureaucratie de la photographie : construire la colonie et la nation au Mozambique de 1960 à nos jours). Cette étude retrace la manière dont l’administration publique a utilisé la photographie au Mozambique à l’époque coloniale et après l’indépendance. Les bureaucrates ont employé la photographie pour inventer et contrôler le territoire colonial puis la nation indépendante. La photographie impliquant un outil technologique et des acteurs humains, elle est souvent envisagée dans une simple perspective technique dépolitisée. Cette étude met, quant à elle, en relief les enjeux politiques associés à l’usage que l’administration publique a fait de la photographie tant à l’époque coloniale que dans le cadre de la lutte armée pour la libération et de la guerre civile. Elle ouvre ainsi de nouvelles possibilités d’analyser les histoires visuelles et politiques de l’Afrique.
Photography’s Bureaucracy place les questions de représentation et d’archivage au centre de l’histoire du Mozambique en tant que colonie puis nation indépendante. Cette étude comporte trois axes : 1) une histoire de la photographie au Mozambique ; 2) le développement de l’État mozambicain en lien avec la pratique photographique ; et 3) la manière dont les autorités ont utilisé la photographie afin d’écrire l’histoire du pays. Dans un premier temps, Drew Thompson tente d’expliquer pourquoi l’État colonial et l’État post-indépendance font un usage similaire de la photographie, bien que ce dernier soit ancré dans un contexte politique proclamant la « révolution » et une rupture radicale avec les pratiques du passé. Dans un deuxième temps, il examine la manière dont le tirage et l’archivage de photographies dessinent le cadre des histoires du Mozambique colonial et de son indépendance. Dans ce projet, il interroge les idées reçues selon lesquelles l’État africain indépendant était moins organisé que son prédécesseur colonial, tout en montrant l’influence politique de l’outil photographique dans le contexte colonial et post-indépendance.
Publications
«Techno-Histories in Mozambique. A Photographic Story». Technology Stories. Past & Present, 2015.
avec Erin Haney, éd. Emerging Platforms for Artistic Production in DRC, Angola and Mozambique [= Special Issue Critical Intervention, 8 (2)], 2014.
avec Paolo Israel, et Rui Assubuji, éd. The Liberation Script in Mozambican History [= Special Issue Kronos, 39], 2014.
«A Iconicidade de Ricardo Rangel e a Escrita de História de Moçambique». In Ricardo Rangel. Insubmisso e generoso, édité par Nelson Saúte, 51‑62. Maputo: Marimbique, 2014.
«(Re-)Exposing Old “Negatives”. New Discourses and Methodologies in Photographic Studies on Africa». African Studies Review 57, no 3 (2014): 175–185.
«Constructing a History of Independent Mozambique, 1974-1982. A Study in Photography». Kronos 39, no 1 (2013): 158‑84.
«Visualising FRELIMO’s Liberated Zones in Mozambique, 1962–1974». Social Dynamics 39, no 1 (2013): 24‑50.
Dernière mise à jour: 01. octobre 2016
Professor em. Shulamit Volkov (שולמית וולקוב)
אוניברסיטת תל אביב (Université de Tel Aviv), Israël
Working Jews: Myth and Reality in a Global Perspective
Shulamit Volkov, professeure (émérite) d'histoire moderne à l'Université de Tel Aviv et membre de l'Académie israélienne des sciences et lettres. Elle a suivi ses études à l'Université hébraïque et a obtenu son doctorat à l'Université de Californie à Berkeley. Elle a occupé le poste de directrice de l'Institut d'histoire allemande, dont elle a publié l'annuaire, puis celui de directrice de la Graduate School of History à l'Université de Tel Aviv. Elle a obtenu une bourse de recherche au Wissenschaftskolleg zu Berlin et au Historisches Kolleg de Munich, et a été professeure invitée à Oxford, Paris, New York, Zurich et Vienne. Elle a publié plusieurs ouvrages et essais sur l'histoire sociale allemande, l'histoire juive allemande et l'antisémitisme, sur certains aspects négligés de l'histoire des Lumières et sur l'historiographie du national-socialisme. Elle a récemment reçu le prix Humboldt de la recherche décerné par la Fondation Alexander von Humboldt.
2015/2016
Professor Eric Allina
University of Ottawa, Canada
Labour on the Frontlines. An Entangled History of Southern Africa and Central Europe
Professor Frederick Cooper
New York University, USA
Reflections on Citizenship and Labour in Global Perspective
Frederick Cooper est professeur d’histoire à l’Université de New York. Il a enseigné précédemment à l’Université du Michigan ainsi qu’à l’Université de Harvard. Dans ses premiers travaux de recherche, il s’est penché sur la question de l’esclavage et du travail en Afrique de l’Est aux xixe et xxe siècles. L’étude des interactions et des conflits dans des espaces spécifiques l’a amené à s’intéresser à la nature changeante de la pensée et des pratiques coloniales influençant ces processus, réflexion qui a débouché sur une étude comparative de la question du travail dans les colonies françaises et britanniques en Afrique. Frederick Cooper a également lancé un projet de recherche sur l’histoire et l’anthropologie du colonialisme en collaboration avec l’anthropologue Ann Stoler. Féru de théorie sociologique, il a consacré plusieurs essais à différents concepts-clés des sciences humaines et sociales (identité, modernité et mondialisation). En collaboration avec Jane Burbank, il a réalisé une étude visant à dépasser le cadre national et moderne auquel se cantonnent la plupart des travaux de recherche historique. Cette étude analyse la forme d’organisation politique la plus stable que l’histoire mondiale a connu, à savoir les empires. En parallèle, Frederick Cooper a poursuivi ses recherches sur les questions de citoyenneté et de décolonisation dans les colonies françaises en Afrique après la Deuxième Guerre mondiale en menant un travail en archives en France et au Sénégal. Il a travaillé comme chercheur au Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences, au Wilson Center, au Rockefeller Study Center de Bellagio, à l’Institut d'études avancées de Nantes ainsi qu’au Wissenschaftskolleg zu Berlin. Il a également été professeur invité à l’École des hautes études en sciences sociales, à l’École normale supérieure et à l’Université de Paris VII. Il a obtenu des bourses de recherche de la part du National Endowment for the Humanities, de la Fondation Guggenheim et de l’American Council of Learned Societies. Ses ouvrages ont été récompensés par le prix de l’African Studies Association et de la World History Association.
Son projet de recherche au centre re:work s’intitule « Réflexions sur la citoyenneté et le travail dans une perspective globale ». Le monde est hétérogène et marqué par les inégalités tant entre les États qu’en leur sein. Or, le cadre théorique sur la base duquel nous analysons le monde actuel présuppose une équivalence – pour le moins juridique – à la fois entre États et entre citoyens d’un même État. Dans ce projet, Frederick Cooper se penche sur les paradoxes existant entre citoyenneté et inégalités et s’intéresse ici en particulier aux inégalités liées aux positions occupées dans le monde du travail. Le concept de citoyenneté, qui nous vient de la Grèce et de la Rome antiques, se retrouve dans des entités politiques très diverses, des Cités-États aux vastes empires. Dans cette étude, Frederick Cooper examine les tensions qui existent non seulement entre les différents niveaux d’appartenance à une communauté politique mais également entre appartenance commune et différenciation sociale. Si, dans certains cas, de larges pans de la population – les esclaves, les femmes – ont été exclus de la citoyenneté, l’inclusion explicite de groupes a masqué, dans d’autres cas, le fait qu’à bien des égards toutes les personnes ne bénéficiaient pas du même degré de citoyenneté. Dans le contexte de la migration – et principalement de la migration de travail –, une certaine instabilité et des conflits apparaissent autour de la question de l’appartenance : à quel lieu ou espace une personne « appartient »-elle aux différentes étapes de son parcours de vie ? Lors de son séjour à re:work, Frederick Cooper souhaite examiner dans une vaste perspective la relation entre citoyenneté, inégalité et différence et son évolution au fil du temps et à travers différentes régions.
Publications
Von der Sklaverei in die Prekarität? Afrikanische Arbeitsgeschichte im Globalen Kontext. 1st edition. Re:work lectures. Boston, MA: De Gruyter Oldenbourg, 2019.
Africa in the World. Capitalism, Empire, Nation-State. Cambridge, MA: Harvard University Press, 2014.
Citizenship Between Empire and Nation. Remaking France and French Africa, 1945-1960. Princeton, NJ: Princeton University Press, 2014.
avec Jane Burbank. Empires in World History. Power and the Politics of Difference. Princeton, NJ: Princeton University Press, 2010.
Colonialism in Question. Theory, Knowledge, History. Berkeley, CA: University of California Press, 2005.
Decolonization and African Society. The Labor Question in French and British Africa. Cambridge: Cambridge University Press, 1996.
From Slaves to Squatters. Plantation Labor and Agriculture in Zanzibar and Coastal Kenya, 1890-1925. New Haven: Yale University Press, 1980.
Dernière mise à jour: 10 octobre 2019
Dr Milena Kremakova
University of Warwick, UK
Employment and Life Course Trajectories of Mathematicians and Computer Scientists in the UK and Germany
2014/2015
Professeur Leon Fink
University of Illinois at Chicago, ÉUA
Post-WWII Industrial Relations Policies in the Non-Communist West
Leon Fink a débuté sa formation d’historien à l’Université de Rochester auprès de laquelle il a obtenu en 1977 son doctorat sous la direction d’Herbert Gutman. De 1972 à 1974, il a fait ses premiers pas dans l’enseignement en tant que chargé de cours au City College of New York. C’est ensuite à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill qu’il a poursuivi sa carrière universitaire (1977-2000). Depuis l’an 2000, il travaille en tant que professeur distingué d’histoire à l’Université de l’Illinois à Chicago (UIC). Spécialiste de l’histoire du travail et de l’immigration, il compte à son actif douze ouvrages auxquels il a contribué en tant qu’auteur, co-auteur ou directeur de publication. Il a obtenu différentes distinctions universitaires, notamment la bourse de recherche Lloyd Lewis de la Newberry Library (2012-2013), une bourse Guggenheim (2009), une bourse de recherche du Charles Warren Center de l’Université de Harvard (1998-1999) ainsi qu’une bourse du National Humanities Center (1990-1991). Il a également été Senior Fulbright lecturer à l’Université de Munich (1983-1984). À l’UIC, Leon Fink a fondé l’axe doctoral histoire du travail, de la race et du genre dans le monde urbain. Depuis 2003, il est rédacteur en chef de la revue Labor : Studies in Working Class History of the Americas, la revue officielle de la Labor and Working Class History Association.
Au centre re:work, Leon Fink espère poursuivre son nouveau projet provisoirement intitulé « Montée et déclin du libéralisme social : construction et reconstruction étatique à l’après-guerre (1945-1973) ». En s’intéressant notamment aux politiques du travail et aux politiques sociales dans le monde non communiste, Leon Fink cherche les similarités (mais également les divergences) existant entre les modèles sociaux de nombreux pays, dont vraisemblablement l’Allemagne de l’Ouest, le Japon, l’Inde, Israël et le Kenya. L’impact décisif (ou non) du modèle états-unien des relations du travail constitue l’une des questions guidant cette recherche.
Bien que la recherche envisagée s’inspire dans une certaine mesure du projet « Long Gilded Age » mentionné ci-dessous (ainsi que de la présentation effectuée en mars 2014 lors du congrès de l’Association of Indian Labour Historians à Delhi), le centre re:work constitue la véritable rampe de lancement de cette étude.
Publications
Deliverance Revisited. Der Triumph von Trump, die liberalen Eliten und die weiße Zombie-Arbeiterklasse. Berlin ; Boston, MA: De Gruyter Oldenbourg, 2019.
avec Juan Manuel Palacio, éd. Labor Justice Across the Americas. Urbana, IL: University of Illinois Press, 2018.
The Maya of Morganton. Work and Community in the Nuevo New South. Winner of the Thomas Wolfe Literary Award. Chapel Hill, N.C: University of North Carolina Press, 2003.
The Long Gilded Age. American Capitalism and the Promise of a New World Order. Philadelphia, PA: University of Pennsylvania Press, 2015.
Sweatshops at Sea. Merchant Seamen in the World’s First Globalized Industry, from 1812 to the Present. Chapel Hill, NC: University of North Carolina Press, 2011.
Progressive Intellectuals and the Dilemmas of Democratic Commitment. Cambridge, MA: Harvard University Press, 1998.
In Search of the Working Class. Essays in American Labor History and Political Culture. Urbana: University of Illinois Press, 1994.
Dernière mise à jour: 9 octobre 2019
Professeur Alf Lüdtke
Universität Erfurt, Allemagne
War as Work. Young Adults in the German Wehrmacht during WWII
Après avoir étudié l’histoire, la philosophie, la sociologie et les sciences politiques à l’Université de Tübingen, Alf Lüdtke a obtenu son diplôme de fin d’études en 1974. Il a obtenu son doctorat en 1980 auprès de l’Université de Constance grâce à une thèse consacrée à la violence étatique et aux forces de police en Prusse de 1800 à 1850. Il a obtenu son habilitation en 1989 auprès de l’Université d’Hanovre avec une étude portant sur le travail et l’Eigensinn. De 1975 jusqu’à son départ en retraite en 2008, Alf Lüdtke a mené des recherches au sein du Max Planck Institut für Geschichte de Göttingen. À partir de 1999, il a également été professeur au sein du département d’histoire de l’Université d’Erfurt. À sa retraite en 2008, l’Université d’Erfurt lui a accordé un titre de professeur honoraire. Au début des années 1990, Alf Lüdtke a occupé une chaire d’histoire à l’Université de Düsseldorf (1989/1990) et de Greifswald (1992). Il a travaillé comme chercheur ou professeur invité à l’Université de Princeton (1981/1982), à l’Université hébraïque de Jérusalem (1992), à l’Université de Chicago (1993/1994 ; 2003), à l’Université du Michigan à Ann Arbor (1993 ; 1997 ; 2007), à l’Université de Toulouse (2011) ainsi qu’à l’Université d’Hanyang de Séoul (2009-2013).
Son projet de recherche au centre re:work est intitulé « La guerre comme travail : jeunes adultes dans la Wehrmacht allemande et dans les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale ». À partir des années 1970, l’intérêt pour la vie quotidienne des simples soldats s’est rapidement développé. Dans le même temps, des recherches récentes ont apporté un nouvel éclairage sur la guerre et les violences de guerre. Ces travaux interrogent l’impact de l’idéologie et d’autres types de « croyance », et ce, non seulement sur les soldats allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils montrent en effet comment les pratiques quotidiennes produisent une coopération ou du moins une certaine acceptation des tâches assignées à tous les niveaux de la hiérarchie. Ils mettent également en lumière la manière dont les simples soldats obéissent aux ordres tout en réussissant à s’aménager une marge de manœuvre. Bien plus, cette perspective permet de voir comment des hommes (et des femmes) sont transformés en des personnes prêtes à donner la mort et à faire face au risque de mourir. Elle montre également que le travail de soldat suscite l’apparition d’une fierté du travail bien fait qui, à son tour, « normalise » l’acte de tuer. En d’autres termes, ces travaux montrent que « faire la guerre », c’est un travail.
Une deuxième dimension porte sur la dynamique de l’âge et du parcours de vie du personnel militaire. Les membres des unités de combat sont en général de jeunes adultes alors que l’arrière-garde ou les troupes d’occupation sont composées d’hommes (et d’auxiliaires femmes) qui ont une trentaine voire une cinquantaine d’années (souvent mariés et avec enfants). Quel rôle joue l’âge dans ces différents cas ? Par ailleurs, dans quelle mesure les survivants de la Première Guerre mondiale ont-ils reçu ou exigé une attention spéciale lorsqu’ils ont rejoint l’armée dans les années 1930 et 1940 ? Et dans le cas de l’Allemagne : ont-ils été perçus de manière méprisante pour « leur » défaite de 1918 ?
Alf Lüdtke a mené des recherches sur différents thèmes et champs :
1) État et violence d’État ainsi que les comportements violents sous toutes leurs formes ;
2) Pratiques et expériences de travail – il s’intéresse ici tout particulièrement au travail industriel et à la manière dont les personnes s’approprient une situation donnée et la remodèlent ou l’acceptent à leur façon. À partir de ces travaux, il a étudié la notion de volonté propre (Eigensinn) ;
3) La dimension visuelle a très tôt attiré son attention et en particulier le potentiel que recèle une « histoire visuelle ». Ceci l’a poussé à mener des travaux sur la photographie industrielle et a suscité son intérêt pour les interrelations ou résonances existant entre le textuel et le visuel ;
4) L’ampleur et l’impact des facettes multiples de la vie quotidienne et, partant, l’histoire du quotidien (Alltagsgeschichte) et en particulier ses recoupements avec l’ethnographie ;
5) Les débats sur la « provincialisation de l’Europe » (D. Chakrabarty) ont suscité son intérêt pour la recontextualisation de notions cruciales telles que la « domination » ou le « travail » et pour la reconstruction de leurs trajectoires transnationales ou internationales. Un récent séjour de travail de cinq ans à l’Université d’Hanyang de Séoul (Corée) y a largement contribué.
Publications
Lüdtke, Alf, ed. 1989. Alltagsgeschichte. Zur Rekonstruktion historischer Erfahrungen und Lebensweisen. Frankfurt: Campus.
Lüdtke, Alf. , ed. 1991. Herrschaft als soziale Praxis. Historische und sozial-anthropologische Studien. Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht.
Lüdtke, Alf. 1993. Eigen-Sinn. Fabrikalltag, Arbeitererfahrungen und Politik vom Kaiserreich bis in den Faschismus. Hamburg: Ergebnisse Verlag.
Lüdtke, Alf. 2010. “Soldiering and Working. Almost the Same? Reviewing Practices in Industry and the Military in Twentieth-Century Contexts.” In Work in a Modern Society. The German Historical Experience in Comparative Perspective, edited by Jürgen Kocka, 109–30. New York: Berghahn Books.
Lüdtke, Alf. 2011. “Male Bodies. Well Trained Muscles or Beer Bellies? From the ‘Master Race’ in Nazism to the Ruling Class in East Germany.” In Gender Politics and Mass Dictatorship. Global Perspectives, edited by Jie-Hyun Lim and Karen Petrone, 142–68. Basingstoke: Palgrave Macmillan.
Professeur Eric Vanhaute
Universiteit Gent, Gand, Belgique
Into their Labors. A Global History of Peasantries
Eric Vanhaute est professeur d’histoire économique et d’histoire mondiale à l’Université de Gand (Belgique). Il a été chercheur invité à la Weatherhead Initiative on Global History de l’Université de Harvard, au Fernand Braudel Center de Binghamton et à l’Université d’Utrecht, chercheur en résidence au Netherlands Institute for Advanced Study in the Humanities and Social Sciences ainsi que professeur invité à l’Université de Californie à Berkeley, à l’Institute of Economic and Social History de l’Université de Vienne et à l’Institute for Social Economy and Culture de l’Université de Pékin. Ses travaux de recherche incluent des projets et des publications consacrés à l’histoire rurale et à l’histoire des paysanneries, à l’histoire mondiale, aux études globales et à l’analyse des systèmes-monde, à l’histoire des marchés du travail et des stratégies familiales de travail ainsi qu’aux statistiques et systèmes d’information historiques. Vous pouvez consulter son site à l’adresse suivante : www.ccc.ugent.be/vanhaute.
Ses travaux de recherches passés et actuels sont étroitement liés au programme du centre re:work. Durant son séjour au centre, il souhaite avant tout concevoir un cadre analytique lui permettant d’étudier et de comprendre comment les travailleurs ruraux ont mené leur vie et organisé leurs communautés dans des régions et des époques variées. Pour mener à bien ce projet ambitieux, il convient d’adopter une large perspective comparée et interdisciplinaire, tant sur le plan géographique que temporel. Cette recherche débouchera sur la publication d’un ouvrage intitulé Peasants : A World History (Routledge Series Themes in World History).
Publications
Vanhaute, Eric. 2001. “Rich Agriculture and Poor Farmers. Land, Landlords and Farmers in Flanders in the Eighteenth and Nineteenth Centuries.” Rural History. Economy. Society. Culture 12 (01): 19–40. doi:10.1017/S0956793300002259.
Eric Vanhaute. 2004. “Structure and Strategy. Two Rural Communities in the Kempen Region of Belgium, 1850–1910.” The History of the Family 9 (2): 193–220. doi:10.1016/j.hisfam.2004.01.004.
Ó Gráda, Cormac, Richard Paping, and Eric Vanhaute, eds. 2007. When the Potato Failed. Causes and Effects of the “Last” European Subsistence Crisis, 1845-1850. Turnhout: Brepols.
Eric Vanhaute. 2009. “Who Is Afraid of Global History? Ambitions, Pitfalls and Limits of Learning Global History.” In Global History [= Special Issue Österreichische Zeitschrift für Geschichtswissenschaften 20.2], edited by Peer Vries, 22–39. Innsbruck: Studien-Verlag.
Eric Vanhaute. 2012. “Peasants, Peasantries and (De)Peasantization in the Capitalist World-System.” In Routledge Handbook of World-Systems Analysis. Theory and Research, edited by Salvatore J. Babones and Christopher K. Chase-Dunn, 313–21. Abingdon: Routledge.
Eric Vanhaute. 2013. World History. An Introduction. London: Routledge.
2013/2014
Professeur Philip Bonner
University of the Witwatersrand, Johannesburg, Afrique du Sud
Life, Work and Political Struggles in South Africa’s Small and Medium Towns, 1945-1995
Philip Bonner est professeur émérite de l’Université du Witwatersrand et occupait jusque récemment la chaire de recherche en histoires locales et réalités actuelles de la Fondation nationale pour la recherche sud-africaine. Il a présidé le groupe de recherche History workshop jusqu’en 2011 et a dirigé l’organisation de conférences et de journées portes ouvertes en 1990 et 1994. Il a co-organisé quatre conférences de l’History workshop : en 1999, un colloque intitulé Commissioning the Past consacré au rapport de la commission Vérité et réconciliation en Afrique du Sud ; en 2001, les conférences Aids in Context (Le Sida et ses contextes) et The Burden of Race (Le fardeau de la race), et en juillet 2006, la conférence Rethinking Worlds of Labour (Repenser les mondes du travail). Chacun de ces événements a profondément marqué les débats intellectuels. Phil Bonner a également pris part en tant qu’organisateur ou que participant à de nombreux ateliers pour enseignants dispensés dans les provinces du Gauteng, du Limpopo, du Mpumalanga et du Nord-Ouest. Il a été membre du comité de rédaction du South African Democratic Education Trust et a contribué à superviser la production du premier volume de la collection The Road to Democracy in South Africa (En chemin vers la démocratie en Afrique du Sud). Il a travaillé comme conseiller historique et producteur exécutif d’une série de documentaires en six épisodes tournée pour la télévision et intitulée Soweto : A History, qui porte à l’écran une vaste recherche s’appuyant sur de nombreux documents historiques et films d’archives originaux. Cette série a été diffusée sur Channel 4 en Grande-Bretagne, sur SBS en Australie et sur SABC TV 1 en Afrique du Sud et a été largement saluée par la critique. Phil Bonner a également été co-conservateur du Musée de l’Apartheid de Johannesburg. Il a lancé un partenariat entre l’History workshop et le Musée de Robben Island et a supervisé un projet pilote d’entretiens avec d’anciens détenus de cette île-prison. À l’heure actuelle, il rédige un ouvrage sur la politique africaine dans le Witwatersrand entre 1912 et 1950, ainsi qu’un chapitre consacré à la période de 1910 à 1940 pour la Cambridge History of Africa.
Publications
Alexander, Peter, Philip Bonner, Jonathan Hyslop, and Lucien van der Walt. 2009. “Introduction. Labour Crossings in Eastern and Southern Africa.” African Studies 68 (1): 79–85.
Bonner, Philip. 2002. Kings, Commoners, and Concessionaires. The Evolution and Dissolution of the Nineteenth-Century Swazi State. Cambridge: Cambridge University Press.
Bonner, Philip. 2004. “Migration, Urbanization and Urban Social Movements in Twentieth Century India and South Africa.” Studies in History 20 (2): 215–36.
Bonner, Philip. 2005. “Eluding Capture. African Grass Roots Struggles in 1940s Benoni.” In South Africa’s 1940s. Worlds of Possibilities, edited by Saul Dubow and Alan Jeeves, 170–91. Cape Town: Double Storey.
Bonner, Philip. 2008. Alexandra. A History. Johannesburg: Wits University Press.
Bonner, Philip. 2009. “Labour, Migrancy and Urbanization in South Africa and India, 1900-60.” Journal of Asian and African Studies 44 (1): 69–95.
Bonner, Philip, Jonathan Hyslop, and Lucien van der Walt. 2007. “Rethinking Worlds of Labour. Southern African Labour History in International Context.” African Studies 66 (2-3): 137–67.
Professeure Katrin Hansing
City University New York, ÉUA
Katrin Hansing est maître de conférences en anthropologie et en sociologie à l’Université de la ville de New York (CUNY). Avant de rejoindre la CUNY, elle était directrice adjointe de l’Institut de recherche cubain de l’Université internationale de Floride à Miami. En tant que chercheuse en anthropologie sociale, Katrin Hansing se consacre depuis quinze ans à des travaux de recherche sur les Caraïbes (en particulier Cuba) et sur le Sud de l’Afrique. Ses principaux champs d’intérêt et domaines d’expertise sont la « race »/l’ethnicité, les mouvements sociaux, les inégalités, la migration/les liens transnationaux et la société civile. Elle termine à l’heure actuelle un projet de recherche financé par la Fondation Ford sur la jeunesse cubaine contemporaine et co-dirige la publication d’un ouvrage sur les migrations socialistes pendant la Guerre froide (à paraître chez Palgrave). Katrin Hansing a obtenu son doctorat auprès de l’Université d’Oxford. Elle est l’auteure de nombreuses publications universitaires et de textes d’orientation politique, notamment Rasta, Race, and Revolution : The Emergence of the Rastafari Movement in Socialist Cuba (Lit Verlag 2006) (Rasta, race et révolution : l’émergence du mouvement rastafari dans la Cuba socialiste). En 2010, elle a achevé la réalisation d’un film documentaire intitulé Freddy Ilanga : Che’s Swahili Translator (Freddy Ilanga : le traducteur swahili du Che) qui depuis a été projeté dans de nombreux festivals de cinéma et a remporté plusieurs prix.
Au centre re:work, Katrin Hansing se consacre au thème des jeunes et du travail dans la Cuba contemporaine. En s’appuyant sur deux années de travail ethnographique de terrain, elle analyse dans son projet l’évolution des définitions du « travail » et de « l’emploi », des attitudes et des valeurs relatives à ces deux notions, ainsi que l’évolution des rapports au « travail » et à « l’emploi », et aborde également les réactions au chômage et les expériences du chômage observées au cours de l’importante réforme économique actuellement à l’œuvre à Cuba. Elle se concentre notamment sur la manière dont les jeunes Cubains interprètent ces changements et développent des stratégies d’avenir. Ce faisant, elle éclaire le changement des rapports entre l’État et l’individu dans la Cuba post-soviétique.
Publications
Hansing, Katrin. 2006. Rasta, Race and Revolution. The Emergence and Development of the Rastafari Movement in Socialist Cuba. Beiträge Zur Afrikaforschung Bd. 28. Münster: Lit.
Hansing, Katrin. 2008. ‘South South Migration and Transnational Ties between Cuba and Mozambique’. In Transnational Ties. Cities, Migrations, and Identities, edited by Michael P. Smith and John Eade, 77–90. Comparative Urban and Community Research v. 9. New Brunswick, N.J: Transaction Publishers.
Hansing, Katrin. 2009. ‘The Making of Transnational Civic Social Capital between Two Cuban Religious Communities’. In Churches and Charity in the Immigrant City. Religion, Immigration, and Civic Engagement in Miami, edited by Alex Stepick, Terry Rey, and Sarah J. Mahler, 119–31. New Brunswick, N.J: Rutgers University Press.
Hansing, Katrin. 2011. ‘Changes from Below. New Dynamics, Spaces, and Attitudes in Contemporary Cuban Society’. NACLA Report on the Americas 44 (4): 16.
Hansing, Katrin. 2012. ‘World in Cuba, Cuba in the World. Cuba and Africa’. In Cuba. People, Culture, History, edited by Alan West. Scribner World Scholar Series. Detroit: Charles Scribner’s Sons.
Hansing, Katrin, and Maxim Matusevich, ed. forthcoming. Socialist Migrations during the Cold War. New York, NY: Palgrave.
Hansing, Katrin, and Manuel Orozco. 2011. ‘Remesas. Presente y futuro de la pequeña empresa en Cuba’. Palabra Nueva 20 (209).
Dr Aishwary Kumar
Stanford University, CA, ÉUA
Shudradharma: Notes towards a Conceptual History of Force
Aishwary Kumar (PhD, Université de Cambridge) est professeur adjoint d’histoire à l’Université Stanford. Historien des idées spécialiste de l’Asie du Sud moderne et de ses ramifications européennes et mondiales, Aishwary Kumar mène un travail à l’intersection de la pensée sociale et juridique, de l’histoire des concepts et de la philosophie morale et politique. Son premier ouvrage intitulé Equality at War : Ambedkar, Gandhi, and the Demands of Democracy (L’égalité en guerre : Ambedkar, Gandhi et les exigences de la démocratie) paraîtra bientôt aux Stanford University Press. Aishwary Kumar développe ses travaux actuels dans deux directions reliées entre elles. La première direction vise la problématique du dharma dans les réaffirmations du théologico-politique aux xixe et xxe siècles et s’appuie initialement sur la lecture que fait B. R. Ambedkar de Marx, de Bergson et de l’Arthashâstra. La deuxième direction porte sur la place du secret dans la politique, l’éthique et l’épistémologie indiennes. La préhistoire du sanskriti et de la souveraineté réalisée par le poète et chroniqueur hindi Ramdhari Singh Dinkar offre ici dans ses itérations révolutionnaires et conservatrices une série de lignes directrices. Les travaux d’Aishwary Kumar ont été publiés dans des publications et des journaux destinés au grand public ainsi que dans des revues scientifiques telles que Modern Intellectual History, Public Culture, Seminar, Outlook et The Hindu. Au centre re:work, il poursuit son projet intitulé Shudradharma : notes pour une histoire du concept de force.
Publications
Kumar, Aishwary. 2010. “Ambedkar’s Inheritances.” Modern Intellectual History 7 (02): 391–415.
Kumar, Aishwary. 2011. “The Ellipsis of Touch. Gandhi’s Unequals.” Public Culture 23 (2): 449–69.
Kumar, Aishwary. 2012. “The Ahimsa to Come. The Lies of Manu.” Outlook India, August 20.
Kumar, Aishwary. 2013a. “Force and Adoration. Ambedkar’s Maitri.” Seminar. The Monthly Symposium, no. 641 (January). http://www.india-seminar.com/2013/641/641_aishwary_kumar.htm#top.
Kumar, Aishwary. 2013b. “Hinduism’s Struggle to Be Modern [Review of Sharma, Jyotirmaya. 2013. Cosmic Love and Human Apathy. Swami Vivekananda’s Restatement of Religion. Noida: HarperCollins Publishers India.].” The Hindu, February 13, sec. Books » Reviews. http://www.thehindu.com/books/books-reviews/hinduisms-struggle-to-be-modern/article4404844.ece.
Kumar, Aishwary. 2014. “Satyagraha and the Place of the Animal. Gandhi’s Distinctions.” Social History 39 (3): 359–81.
2012/2013
Dr Brigitta Bernet
bernet(at)history.gess.ethz.ch
À l’IGK, sa recherche porte sur la psychologisation de l’entreprise dans la deuxième moitié du XXe siècle. Cette recherche se fonde sur le constat que le « boom » économique s’est accompagné dans la plupart des sociétés européennes d’un « psycho-boom », c’est-à-dire de l’infiltration des catégories, modes de perception et schémas d’action de la psychologie dans le quotidien. Dans le monde du travail, la matrice psychologique est combinée à une perspective d’inspiration économique sur le sujet travaillant, qui fait de celui-ci un élément des ressources humaines et du capital humain une composante essentielle du théâtre de la rationalisation de l’entreprise. Le projet de recherche prend cet aspect comme point de départ. Il vise à retracer à l’échelle internationale la genèse des savoirs spécialisés qui portent en psychologie sur le capital humain. En s’appuyant sur l’exemple de la Suisse, qui a l’avantage d’être à la fois d’échelle raisonnable et de disposer d’une pertinence internationale, cette recherche étudie la découverte, la modélisation et la valorisation du « capital humain » en tant que ressource économique. Elle est menée à partir des questions suivantes : comment la subjectivité des travaillants a-t-elle été inscrite dans une logique économique à l’aide de savoirs psychologiques ? Comment le « capital intellectuel » a-t-il été exploité dans la pratique au sein des grandes entreprises ? Quelle a été la réaction des employés face à la psychologisation de l’entreprise ? La recherche se concentre tout particulièrement sur la question de l’évolution historique des interactions entre relation de travail et rapport au soi.
Publications
Bernet, Brigitta. 2008. “Mündigkeit und Mündlichkeit. Sprachliche Vergesellschaftung um 1900.” Figurationen. Gender, Literatur, Kultur, 1: 47–60.
Bernet, Brigitta. 2009. “»Eintragen und Ausfüllen«. Der Fall des psychiatrischen Formulars.” In Zum Fall machen, zum Fall werden. Wissensproduktion und Patientenerfahrung in Medizin und Psychiatrie des 19. und 20. Jahrhunderts, edited by Sibylle Brändli, Barbara Lüthi, and Gregor Spuhler, 62–91. Campus.
Bernet, Brigitta. 2012. “‘Depressed? It might be political!’ Die Pathologien der Leistungsgesellschaft im Fokus der ausserklinischen Literatur.” Nach Feierabend. Zürcher Jahrbuch für Wissensgeschichte 8: 189–98.
Bernet, Brigitta. 2013. Schizophrenie. Entstehung und Entwicklung eines psychiatrischen Krankheitsbildes um 1900. Zürich: Chronos.
Bernet, Brigitta, and Eugen Bleuler. 2008. »Unbewusste Gemeinheiten« und andere kulturtheoretische Schriften von Eugen Bleuler (1857 -1939). Edited by Brigitta Bernett. Bern: Huber.
Bernet, Brigitta, Marietta Meier, Roswitha Dubach, Urs Germann, and Jakob Tanner. 2007. Zwang zur Ordnung. Psychiatrie im Kanton Zürich, 1870 - 1970. Zürich: Chronos.
Bernet, Brigitta, and Jakob Tanner, eds. 2015. Ausser Betrieb. Metamorphosen der Arbeit in der Schweiz. Zürich: Limmat.
Dr Michel Doortmont, FRGS
Rijksuniversiteit Groningen, Groningue, Pays-Bas
Slave Trade as Family Business: Euro-African Trading Networks in the Era of the Dutch Atlantic Slave Trade, 1730-1820
enseigne les relations internationales et les études africaines aux Universités de Groninge et de Leyde (African Studies Centre). Depuis 2012, il est le coordinateur académique d’EU-SATURN, un projet du programme Erasmus Mundus qui a pour objectif de renforcer les capacités de recherche internationale et d’encadrement de recherche international des universités sud-africaines grâce à un programme d’échange pluridisciplinaire destiné aux doctorants et aux étudiants en Master ainsi qu’au personnel des universités. Il est co-rédacteur en chef de la revue History in Africa : A Journal of Method et des collections African Sources for African History et Sources for African History. Ses recherches se concentrent sur plusieurs thèmes, notamment les relations entre les Pays-Bas et l’Afrique de l’Ouest (en particulier le Ghana) du xvie au xxe siècle, la formation d’élites multiculturelles dans les contextes coloniaux, l’historiographie de l’Afrique et la méthodologie historique concernant ce continent ainsi que les phénomènes de l’héritage culturel partagé et de l’identification culturelle à l’Autre dans l’histoire de l’Occident et de ses anciennes colonies.
À re :work, il termine la rédaction de la monographie Slave Trade as Family Business : Euro-African Trading Networks in the Era of the Dutch Atlantic Slave Trade, 1730-1820 (La traite des esclaves comme entreprise familiale : les réseaux commerciaux euro-africains à l’ère de la traite transatlantique des esclaves aux Pays-Bas, 1730-1820). Cet ouvrage examine l’organisation des activités de traite des esclaves aux Pays-Bas en retraçant l’histoire de plusieurs familles d’origine euro-africaine de la Côte-de-l’Or (actuel Ghana). Grâce à un travail alliant des documents d’archives néerlandais aux traditions orales et à d’autres sources, l’auteur parvient à reconstruire l’histoire familiale de certaines des grandes familles de commerçants du xviiie siècle, une époque où la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales perd le monopole du commerce des esclaves et où les commerçants privés africains et européens commencent à exercer directement dans ce secteur. L’étude suit le parcours de ces familles, leurs carrières, leurs exploits commerciaux ainsi que les aventures et mésaventures qui marquent leur vie privée sur trois continents et à travers trois à cinq générations. La vue d’ensemble qui se dégage de cette approche micro-cosmologique et généalogique offre un nouveau cadre d’analyse pour notre compréhension de l’organisation de la traite des esclaves sur les côtes de l’Afrique de l’Ouest en particulier, et de l’organisation sociale du commerce interculturel en général.
Publications
Anquandah, James, Naana Jane Opoku-Agyemang, and Michel Doortmont, ed. 2007. The Transatlantic Slave Trade. Landmarks, Legacies, Expectations. Proceedings of the International Conference on Historic Slave Route Held at Accra, Ghana on 30 August-2 September 2004. Accra: Sub-Saharan Publishers.
Doortmont, Michel. 2005. The Pen-Pictures of Modern Africans and African Celebrities by Charles Francis Hutchison. A Collective Biography of Elite Society in the Gold Coast Colony. Leiden: Brill.
Doortmont, Michel. 2006. “Producing a Received View of Gold Coast Elite Society? C. F. Hutchison’s ‘Pen Pictures of Modern Africans and African Celebrities.’” History in Africa 33: 473–93.
Doortmont, Michel. 2007a. Sources for the Mutual History of Ghana and the Netherlands. An Annotated Guide to the Dutch Archives Relating to Ghana and West Africa in the Nationaal Archief, 1593-1960s. Leiden: Brill.
Doortmont, Michel. 2007b. “The Dutch Atlantic Slave Trade as Family Business. The Case of the Van Der Noot de Gietere - van Bakergem Family.” In The Transatlantic Slave Trade. Landmarks, Legacies, Expectations. Proceedings of the International Conference on Historic Slave Route Held at Accra, Ghana on 30 August-2 September 2004, edited by James Kwesi Anquandah, Naana Jane Opoku-Agyemang, and Michel R. Doortmont, 92–137. Sub-Saharan Publishers.
Doortmont, Michel. 2011. “Making History in Africa. David Henige and the Quest for Method in African History.” History in Africa, 38: 7–20.
Doortmont, Michel. 2012. “Kamerling in Ghana. A Euro-African Family History and an Old-Fashioned Love Story.” De Nederlandsche Leeuw 123 (3): 178–92.
Doortmont, Michel, and Benedetta Savoldi. 2006. The Castles of Ghana. Axim, Butre, Anomabu. Historical and Architectural Research Project on the Use and Conservation Status of Three Ghanaian Forts. Saonara: il prato.
Professeure Gail Kligman
University of California, Los Angeles, USA
A Multi-Sited Ethnography of East-West European Migratory Strategies and their Impact on Gender, Generation, and Family
gkligman(at)international.ucla.edu
Gail Kligman est professeure de sociologie à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) dont elle dirige le Centre d’études européennes et eurasiennes. Son travail de recherche est consacré aux interactions entre les discours et les mesures politiques, la culture et le genre en Roumanie socialiste et postsocialiste ainsi qu’en Europe centrale et orientale postsocialiste. Ses travaux se nourrissent d’un intérêt intellectuel pour les études comparatives, historiques et interdisciplinaires. Du point de vue méthodologique, elle a mené des recherches qualitatives et ethnographiques ainsi que des travaux d’archives. Son dernier ouvrage intitulé Peasants Under Siege : The Collectivization of Romanian Agriculture, 1949-1962 (Princeton University Press, 2011) a été co-écrit avec Katherine Verdery (CUNY, Anthropologie).
Peasants Under Siege est une ethnographie historique de la formation de l’État-parti en Roumanie analysée à travers le prisme de la collectivisation de l’agriculture. Dans un pays majoritairement agricole tel que la Roumanie, la collectivisation est la première action de masse par laquelle le nouveau régime communiste a lancé son programme radical de transformation sociale, politique, culturelle et économique. Ce processus complexe a attaqué les fondements même de la vie rurale et a fondamentalement transformé l’organisation sociale ainsi que les relations sociales, notamment les rôles genrés et générationnels au sein des ménages et de l’économie socialiste. La collectivisation n’a pas été qu’un simple élément venant s’ajouter au développement industriel, elle faisait bel et bien partie d’un ensemble plus vaste de technologies de modernisation. Les auteurs avancent que la collectivisation a joué un rôle décisif pour la création de l’État-parti naissant et de ses mécanismes de gouvernement ainsi que pour l’émergence des « hommes nouveaux » qui en étaient les sujets. L’analyse se fonde sur un large éventail de données orales historiques et d’archives collectées dans le cadre d’un projet de recherche pluridisciplinaire mené par dix-neuf personnes et co-dirigé par Gail Kligman et Katherine Verdery.
Cet ouvrage a reçu de nombreuses distinctions en 2012, parmi elles, le prix Barbara Jelavich pour les monographies d’exception et le prix du Davis Center de l’Université de Harvard dans la catégorie études politiques et sociales (tous deux décernés par l’Association for Slavic, East European, and Eurasian Studies). Il a reçu cette même année les mentions honorables du prix Barrington Moore pour le meilleur ouvrage de sociologie historique comparative et pour le meilleur ouvrage dans la catégorie sociologie politique (mentions décernées par l’Association américaine de sociologie).
À l’IGK, Gail Kligman se plonge dans la lecture de publications issues des études migratoires, notamment de travaux empiriques sur les migrations postsocialistes (migrations circulaires et permanentes) de l’Europe de l’Est vers l’Europe de l’Ouest en vue d’ébaucher un projet consacré aux aspects genrés et générationnels de ces migrations et de leurs impacts sur les pays d’origine et sur les pays d’accueil. Le champ d’étude de ce projet reste à déterminer.
Publications
Kligman, Gail. 1988. The Wedding of the Dead. Ritual, Poetics, and Popular Culture in Transylvania. Berkeley, CA: University of California Press.
Kligman, Gail. 1998. The Politics of Duplicity. Controlling Reproduction in Ceausescu’s Romania. Berkeley, CA: University of California Press.
Kligman, Gail. 2001. “On the Social Construction of ‘Otherness’. Identifying ‘the Roma’ in Post-Socialist Communities.” Review of Sociology of the Hungarian Sociological Association 7 (2): 61–78.
Kligman, Gail. 2005. “Trafficking Women after Socialism. To, Through, and From Eastern Europe.” Social Politics: International Studies in Gender, State & Society 12 (1): 118–40. doi:10.1093/sp/jxi006.
Gal, Susan, and Gail Kligman. 2000. The Politics of Gender After Socialism. A Comparative-Historical Essay. Princeton, NJ: Princeton University Press.
Kligman, Gail, and Katherine Verdery. 2011. Peasants Under Siege. The Collectivization of Romanian Agriculture, 1949-1962. Princeton, N.J: Princeton University Press.
Verdery, Katherine, and Gail Kligman. 2011. “How Communist Cadres Persuaded Romanian Peasants to Give Up Their Land.” East European Politics & Societies 25 (2): 361–87.
2011/2012
2010/2011
Professeur Baz Lecocq
Universiteit Gent, Gand, Pays-Bas
The « Awad el Djouh Affair » : Slave Trade to Saudi Arabia, Human Rights, and the ILO (1948-1962)
est historien africaniste, titulaire d’un doctorat en sciences sociales de l’Université d’Amsterdam (2002). De 2003 à 2007, il a travaillé comme chercheur au Zentrum Moderner Orient (Centre pour l’Orient moderne) de Berlin sur l’histoire contemporaine de la migration (de travail) et de l’urbanisation du peuple touareg dans le Sahara central (Libye, Mali, Niger). Depuis 2007, il est chargé de cours en histoire africaine à l’Université de Gand. Son curriculum vitae est consultable sur le site du groupe de recherche CCC (Communities, Comparisons, Connections) de l’Université de Gand.
À l’IGK, Baz Lecocq travaille sur la traite des esclaves entre l’Afrique de l’Ouest française et la péninsule arabique au milieu du XXe siècle. Dans les années 1950, la persistance de cette traite a suscité l’attention des médias internationaux. Cette médiatisation a en retour influencé les débats sur l’esclavage, la traite des esclaves et les droits humains au sein de la Communauté française, de l’Organisation Internationale du Travail et de la commission de travail chargée de la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ce projet emploie le prisme des microhistoires médiatisées de la traite des esclaves pour analyser la construction discursive du monde postcolonial dans l’Atlantique nord, l’Afrique et le Moyen-Orient. Cette histoire discursive est encadrée et modelée par les « problématiques » de la guerre froide : le travail, la décolonisation en Afrique, les changements géopolitiques dans les relations entre l’Atlantique nord et le Moyen-Orient. Du point de vue méthodologique, le projet tente de conjuguer la microstoria, l’étude des pratiques discursives et l’histoire politique « classique » afin de replacer les acteurs historiques dans une histoire globale et translocale au-delà de la pluralité des mesures, des politiques, des systèmes juridiques et des continents.
Publications
Lecocq, Baz. 2004. “Unemployed Intellectuals in the Sahara. The Teshumara Nationalist Movement and the Revolutions in Tuareg Society.” International Review of Social History 49 (S12): 87–109.
Lecocq, Baz. 2005. “The Bellah Question. Slave Emancipation, Race, and Social Categories in Late Twentieth- Century Northern Mali.” Canadian Journal of African Studies 39 (1): 42–68.
Lecocq, Baz. 2010a. “Tuareg City Blues. Cultural Capital in a Global Cosmopole.” In Tuareg Society within a Globalized World : Saharan Life in Transition, edited by Anja Fischer and Ines Kohl, 91:41–58. Tauris Academic Studies. London: I. B. Tauris.
Lecocq, Baz. 2010b. Disputed Desert. Decolonisation, Competing Nationalisms and Tuareg Rebellions in Northern Mali. Vol. 19. Afrika-Studiecentrum Series. Leiden: Brill.
Lecocq, Baz. 2012. “The Hajj From West Africa From a Global Historical Perspective (19th and 20th Centuries).” African Diaspora 5 (2): 187–212.
Lecocq, Baz, and Gregory Mann. 2007. “Between Empire, Umma, and the Muslim Third World. The French Union and African Pilgrims to Mecca, 1946-1958.” Comparative Studies of South Asia, Africa and the Middle East 27 (2): 367–83.
Lecocq, Baz, and Paul Schrijver. 2007. “The War on Terror in a Haze of Dust. Potholes and Pitfalls on the Saharan Front.” Journal of Contemporary African Studies 25 (1): 141–66.
2009/2010
Professeur Hagen Schulz-Forberg
Aarhus Universitet, Danemark
Conceptual History and Global Translations : The Euro-Asian Semantics of the Social and the Economic
est historien et a obtenu son doctorat à l’European University Institute de Florence. Depuis 2007, il enseigne l’histoire internationale à l’université d’Aarhus. Son curriculum complet peut être consulté sur le site de l’Université d’Aarhus.
Hagen Schulz-Forberg participe à un vaste projet consacré à l’histoire globale du travail : Conceptual History and Global Translations : The Euro-Asian Semantics of the Social and the Economic (Histoire conceptuelle et traductions globales : les sémantiques euro-asiatiques du social et de l’économique). L’objectif de ce projet de recherche développé en coopération avec Bo Strath de l’Institut Renvall (Université d’Helsinki) est d’étudier la conception et la représentation du social et de l’économique dans les différentes langues européennes et asiatiques. Ces deux notions trouvent leur origine sémantique dans le monde occidental, si bien que leur usage se révèle extrêmement problématique dans un contexte où, à l’heure de la mondialisation, il n’existe plus de centre occidental. L’objectif de ce projet est de constituer une base épistémologique transnationale qui réunisse à part égale les représentations et les conceptions européennes et asiatiques en lien avec ces deux notions. La problématique centrale de ce projet est de déterminer dans quelle mesure l'hégémonie des idées et notions occidentales peut être dépassée et faire place à une communication mondiale transcendant les cultures et les civilisations. Il s’agit là non pas d’opposer les perspectives asiatiques aux perspectives européennes, mais bien au contraire de relier ces deux approches en les replaçant dans des processus historiques.
Publications
A Global Conceptual History of Asia, 1860–1940, éd. London: Pickering & Chatto, 2014.
avec Niklas Olsen, éd. Re-Inventing Western Civilisation. Transnational Reconstructions of Liberalism in Europe in the Twentieth Century. Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars Publishing, 2014.
Zero Hours. Conceptual Insecurities and New Beginnings in the Interwar Period, éd. Brussels: Peter Lang, 2013.
The Global Arctic [= Special Issue New Global Studies, 7 (2)] , éd. De Gruyter, 2013.
« The Spatial and Temporal Layers of Global History. A Reflection on Global Conceptual History through Expanding Reinhart Koselleck’s Zeitschichten into Global Spaces ». Historical Social Research 38, no 3 (2013): 40‑58.
« Welfare State ». In Encyclopedia of Global Studies, édité par Helmut K. Anheier et Mark Juergensmeyer, vol. 4: 1782‑87. Los Angeles, CA / London / New Delhi / Singapore / Washington DC: SAGE, 2012.
« Before Integration. Human Rights and Post-War Europe ». In European Identity and the Second World War, édité par Michael J. Wintle et Menno Spiering, 37‑54. Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2011.
avec Bo Stråth. The Political History of European Integration. The Hypocrisy of Democracy-Through-Market. London: Routledge, 2010.
Dernière mise à jour: 19. Février 2016